Best, September 1979

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Costello, l'image


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   Bill Schmock

On en arrive à Costello, mon préféré. Challenger au titre de héros toutes catégories. Et là c'est la pagaille. C'est Dordor qui fout la pagaille. Vous avez lu son article à Dordor il y a trois mois ? Qu'est-ce que vous voulez ajouter à ça ? Je vous raconte pas comment il l'a cerné le Costello. Je lisais son papier à Dordor et je pensais « Ah, le con, il a compris le truc » et puis « non, il va pas écrire ça, il va pas me voler mon Costello » ; Et puis si, il l'écrivait. Dordor c'est un type qui pénètre les choses, il les sent comme c'est pas permis. C'est rare. Il vit son truc. Pas qu'il se trompe pas, ça lui arrive, sa façon de se tromper j'aime bien aussi. C'est toujours en toute bonne foi, avec du coeur. Ça sent pas le retournement de situation comme d'autres (Des noms! des noms! NDLR). Je lisais son papier à Dordor et je pensais « Ah, le con, il a compris le truc » et puis « non, il va pas écrire ça, il va pas me voler mon Costello » ; Et puis si, il l'écrivait. Dordor c'est un type qui pénètre les choses, il les sent comme c'est pas permis. C'est rare. Il vit son truc. Pas qu'il se trompe pas, ça lui arrive, sa façon de se tromper j'aime bien aussi. C'est toujours en toute bonne foi, avec du coeur. Ça sent pas le retournement de situation comme d'autres (Des noms! des noms! NDLR).

Ok, j'arrête sur Dordor. Quand même si vous voulez du solide sur Costello, jetez un oeil à son article, je vais pas le refaire. Après on dirait chez Best ils font du matraquage, de l'intox, ils sont payés pour faire la pub. Ça serait pas juste. Moi j'aime tout chez Costello, je fais pas le détail. Même ce qui est détestable. Je prend tout. Sa mégalomanie, son maniérisme, sa paranoïa, sa misanthropie, ses grains de beauté. Tout je vous dis. Mais je vous dis pas tout quand même. J'aime sa façon de jouer les stars avant d'en être une. Sa façon d'être une star envers et contre tout. Contre lui, même. J'ai jamais vu personne à son stade manger la soupe sur la tête de tout le monde comme il le fait. John Lydon, oui, mais lui fait exactement tout pour ne pas vendre un disque. Costello n'aspire qu'à devenir n° 1 même s'il ne veut pas être mêlé aux bassesses du business, à ce qu'il appelle le « club privé ». Depuis deux ans la presse s'accroche aux petits cailloux qu'il jette derrière lui pour en faire des montagnes.

Pendant ce temps-là Costello, lui, il parade. Les Américains fantasment pareil sur le personnage. Un type qui les méprise. Un type qui triture leur caca dans la tête. Il a le mystère pour lui. Le bénéfice du doute. Il a fabriqué la légende. Et la légende c'est terrain interdit, propriété privée. Pas touche bébé. Costello a regénéré l'univers de l'anecdote du temps des Stones et des Beatles, les débuts. Ça force la curiosité. Ça force la maniaquerie chez les maniaques, le fanatisme chez les fanatiques. J'adhère sans réserve. J'attends le fan club. Je cours après la carotte, les pécadilles, les collectors. Des disques avec des pochettes différentes pour chaque pays, mais complètement différentes pour plus de charme, juste un poil. Simplement les photos d'une même série qui changent. Des morceaux qu'on trouve sur le pressage français et pas sur l'américain, la même chose pour l'anglais et inversement. Des EP à tirages limités. Un puzzle sans fin, un labyrinthe sans sortie. Tiens, la pochette du dernier EP anglais est pliée à l'envers, l'illustration à l'intérieur, le carton blanc à l'extérieur. Fallait oser. Astucieux le Costello. Rigolard sous ses allures de taciturne. Cette façon de prendre le centre de l'univers pour son nombril, ça me laisse rêveur : couvrir la pochette de son premier album par des « Elvis King », graver son nom sur le manche de sa guitare, c'est de l'imagerie comme je l'aime. Effrontée.

Tout est imagerie chez Costello, comme des instantanés qui défilent sans intermittences sur un projo. Les textes mystérieux en plein mais avec un pouvoir évocateur immense. Pas de mode d'emploi, faut déchiffrer, défraîchir à la hache. Costello n'explique rien, pas un texte imprimé, pas un mot d'introduction. Débrouillez-vous avec ça. Les caprices et les cadeaux. Ça me fait penser que pas un des quatre imprime ses textes sur les pochettes. N'y a pas de déchets sur les disques de Costello. C'est du tout bon, garanti radio.

C'est vrai les 33 tours et les singles du bonhomme réunis feraient une bande sonore fabuleuse pour un film de la trempe d'« American Graffiti ». Ouais, Costello c'est « American Graffiti » à lui tout seul. De l'acidulé pour la voiture. Avec les Attractions, son groupe, il balance à peu près tous les échos qui peuvent se substituer à une carte postale vivante de la traversée des Etats-Unis. Du country au rhythm 'n' blues passés à la moulinette pop. Le style. C'est ce qui fait sa force à Costello, le style. Ça lui colle à la peau, chez d'autres ça paraîtrait emprunté, balourd, ça ferait carnaval. Chez lui ça fait vécu même si ça ne l'est pas et on s'en fout. Je sais pas si vous l'avez vu à Chorus, moi j'ai raté l'enregistrement, j'étais pas là. Je suis allé le voir quelques jours plus tard en Hollande pour un festival. Pinkpop Festival ça s'appelait.

Du coup, le Costello était tout de rose vêtu pour l'occasion, blazer et pantalon façon sixties, chemise noire et cravate rouge. Le choc. Ça étincelait de partout. Fallait bien d'ailleurs, parce que juste pendant son passage, alors qu'on s'était tapé un soleil de plomb toute la journée, il s'est mis à grêler une heure durant. Mais grêler comme j'ai jamais vu, je vous jure. Le déluge. Et le bassiste était en rose aussi. J'ai une vision comme ça complètement trempée de rose percutant. Je sentais plus la grêle, irradié pour le compte.

On était quarante mille comme ça. Bouche ouverte, la langue pendue à consommer ses chansons de trois minutes, à ne pas perdre une note de sa guitare. Sa guitare, c'est quelque chose qui le distingue des trois autres. Il a un son béni des dieux, ramassé, riffeur comme pas deux. Du coup ça l'a déridé Costello de nous voir comme ça, il a compati, il est devenu humain. Il s'est mis à parler. Et vous savez pas quoi ? Il paraît même que Costello n'est pas le mufle que l'on prétend. Que c'est un type a-do-ra-ble. Peut-être bien qu'il va se mettre à donner des interviews. Peut-être aussi que ça va gâcher le mystère. Peut-être qu'il faut ça pour devenir no 1. Peut-être que vous vous en foutez. Ça me dérange pas.

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Best, No. 134, September 1979


Bill Schmock profiles Elvis Costello.

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Photographer unknown.


Cover.
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Magazine scans thanks to Fulvio Fiore.

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