Libre Belgique, October 24, 2003

From The Elvis Costello Wiki
(Redirected from La Libre, October 24, 2003)
Jump to navigationJump to search
... Bibliography ...
727677787980818283
848586878889909192
939495969798990001
020304050607080910
111213141516171819
202122232425 26 27 28


Libre Belgique

Belgium publications

Newspapers

Magazines

Online publications



European Newspapers
-

Elvis Costello, on dirait le nord


translate
   Laurent Hoebrechts

Avec le récent North, Elvis Costello dissèque la relation amoureuse le temps de onze ballades épurées. Et en profite pour laisser l'ironie au vestiaire. Romantique Costello? En concert, dimanche soir, au Cirque Royal.

Elvis Costello est en forme. C'est de notoriété publique: la fin de son mariage avec Caitlin O'Riordan n'a pas été facile à digérer, mais aujourd'hui il a retrouvé de l'aplomb, sa relation avec la diva jazz Diana Krall n'y étant pas pour rien. North, dernier album en date, ne parle d'ailleurs que de ça.

En 11 chansons, Elvis Costello tisse le fil d'un amour qui s'éteint pour renaître plus tard. De "You Left Me In The Dark" ("Tu m'as laissé dans le noir") à "I'm In The Mood Again" ("Je suis à nouveau de bonne humeur"). Explications.


Vous aimez varier les genres. Après un retour au rock avec When I Was Cruel l'an dernier, North est avant tout composé de ballades, presque jazzy.

J'ai une passion et une curiosité pour la musique qui m'ont toujours poussé à investiguer d'autres genres. Cela dit, si on peut bien entendre des harmonies qui viennent plutôt du jazz ou du classique, pour moi, il s'agit avant tout de chansons. En l'occurrence, pour North, j'en ai écrit 14 au piano, en l'espace de deux mois. Je ne pensais pas forcément en faire un album, mais le fait est qu'elle formait un vrai ensemble.

Est-ce le fond, ce que vous voulez raconter, qui détermine la forme?

Je ne sais pas. Comme toujours, l'écriture est quelque chose de très spontané. Il s'agit de capturer des émotions dans des chansons. Qui dans ce cas-ci sont très intimes. C'est ce qui m'a peut-être amené à trouver de nouvelles formes dans mon écriture. C'est vrai par exemple que cette fois-ci j'ai mis de côté certaines "techniques" que j'ai pas mal utilisées jusqu'ici: l'ironie, le jeu de mots,... J'ai essayé de dire très simplement ce que j'avais en tête.

C'est une première pour vous?

Pas complètement. Un disque comme King Of America était également assez direct. Mais le fait est qu'on a plutôt l'habitude de mettre en avant le jeu avec les mots. Ce qui provoque d'ailleurs parfois des malentendus. Dans le cas de North, les chansons sont très faciles à comprendre. Mais vu qu'elles ne "crient" pas non plus pour attirer votre attention - l'idiome musical est très calme, les tempos assez lents,... - , les gens vont devoir prendre un peu de temps pour comprendre de quoi il s'agit. Ce n'est pas un disque qui va passer en radio.

Pourtant, ce sont des chansons, d'un format assez court...

Oui, et je pense que les mélodies sont assez accessibles, facilement mémorisables. Mais... Je ne sais pas, je n'ai aucune ambition commerciale pour cet album.

J'aimerais penser qu'il peut toucher un maximum de gens, mais il faut être réaliste, je sais que cela va être difficile. De toute façon aucun de mes disques n'a vraiment vendu énormément. En tout cas pas dans les volumes que les gens imaginent.

Comment l'expliquez-vous?

Je ne sais pas, c'est comme ça. Je n'ai peut-être pas fait des choses destinées à vendre davantage. Je veux que la musique soit entendue, je ne tiens pas à ce qu'elle reste secrète, mais en même temps cela ne doit pas définir ce que vous avez à dire et à faire.

North sort chez Deutsche Grammophon, un label classique. Etonnant?

Oui, si l'on rappelle que j'ai commencé dans le circuit rock. Mais cela dit en fait davantage sur Deutsche Grammophon que sur moi. Ils essayent de trouver la musique qu'ils pourraient servir au mieux. En fait, j'ai toujours eu des difficultés à travailler avec des compagnies pop qui fonctionnent toujours dans l'instant, plus attentives à l'image qu'au contenu.

Vous disiez avoir abandonné toute ironie pour ce disque. Dans "When Green Eyes Turn Blue", vous chantez "Les esprits peuvent bien aiguiser leurs piques et leurs pointes, qu'ils gaspillent toutes leurs cartouches! Tu éclaires mon regard le plus sombre". C'est pour prévenir toute critique?

Oui, parce que certains sont assez cyniques sur la vie. Je ne parle pas des critiques musicaux en particulier. Les gens en général peuvent être très sceptiques par rapport à l'amour. Vous connaissez la chanson de John Lennon, "Instant Karma" ? Il y chante: "A quoi penses-tu quand tu ris comme cela à la face de l'amour?" C'est une des phrases les plus profondes qu'il ait écrites.

Cela n'a jamais été votre cas?

Non! Je ne me suis jamais moqué de l'amour! J'ai pu être déçu par certaines conventions romantiques qui ne sont pas toujours sincères. Plus précisément: par la façon dont certains abordent l'attraction, la sexualité, et que je trouve ridicule. On le retrouve dans le rock, par exemple. Mais vous savez, ces règles ne sont plus admirées que par des gamins ou des attardés qui pensent que les relations restent définies par "Honky Tonk Woman".

Le disque commence par la fin. La fin d'une relation...

Oui, "You left me in the dark" parle de cela, mais plus généralement de la perte d'un être cher. C'est autant une chanson romantique qu'une chanson de deuil, en fait. Ce qui est vrai, c'est que «North» débute dans un environnement assez désolé, nu et désert. Petit à petit, les choses évoluent, les sentiments changent. "When Did I Stop Dreaming?" parle du moment où l'on revient à la réalité; "You Turned To Me" évoque le danger de voir dans l'oeil de l'autre la possibilité de l'amour; "Fallen" de l'inéluctabilité du fait de retomber amoureux... Sans vraiment le planifier, s'est tissée ainsi toute une histoire.

Elvis Costello, North, Universal/Deutsche Grammophon. En concert ce dimanche 26 octobre, dès 20h30, au Cirque Royal.

© La Libre Belgique 2003


Tags: Cirque RoyalBrusselsBelgiumNorthSteve NieveWhen Did I Stop Dreaming?You Turned To MeFallenYou Left Me In The DarkI'm In The Mood AgainCait O'RiordanDiana KrallWhen I Was CruelKing Of AmericaUniversalDeutsche GrammophonWhen Green Eyes Turn BlueJohn LennonInstant Karma!

-
<< >>

La Libre Belgique, October 26, 2003


Laurent Hoebrechts interviews Elvis Costello ahead of his concert with Steve Nieve, Sunday, October 26, 2003, Cirque Royal, Brussels, Belgium.


-



Back to top

External links