«Toute cette beaute inutile»: le titre du dernier album d’Elvis Costello parut ce printemps résume de façon péremptoire l’impact du binoclard sur le grand public. «Si vous n’achetez pas cet album. vous n’êtes que des trous du cul», clamait pourtant haut et fort, dès 1977, un célèbre chroniqueur en guise de critique de «My Aim Is True», le premier album de Costello.
Hélas, en dépit d’albums bon dissants assénés avec la complicité de The Attractions, un groupe brutalement excitant, le Buddy holly anglais (né Declan McManus en 1954) ne parvint jamais à convaincre les foules de l’impeccable urgence de titres tels que accompagné par le Brodsky Quartet. «Oliver’s Army», «This Year’s Girl» ou autre «I Don’t Want To Go To Chelsea». Pire, Elvis dut même assister, vers la fin des seventies, au triomphe de Joe Jackson, son triste clone. Depuis. Costello le boulimique n’a jamais cherché à simplifier la tãche d’un public qui s’était montré quelque peu ingrat à son endroit.
Au fils des ans, sous un constant déluge de critiques souent dithyrambiques, Elvis Costello, guère préoccupé par l’opinion du public à son égard, s’est construit une carrière de légende. C’est ainsi qu’on le vit se laisser aller à penchants country (l’album «Almost Blue»), composer pour ses plus grandes idoles (Paul McCartney, Roger Mc Guinn, Tom Waits, Roy Orbison et Johnny Cash), poser ses compositions sur les cordes du Brodsky Quartet (cette dernière formation le rejoindra ce soir sur scène) et enfin, s’affirmer comme mélodiste d’exception sur des projets aussi ambitieux que les albums «Imperial Bedroom», «Blood and Chocolate» ou encore «King of America».
C’est une certitude: l’un des plus imposants trésors de l’histoire du rock anglo-saxon sommeille dans les bacs à disques, à la lettre C. Dès ce soir, il appartient aux spectateurs de l’exhumer. Pour l’exemple.
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