Journal d'un Excessif, July 23, 2010

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Journal d'un Excessif

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Elvis Costello au festival Veranos de la Villa


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   Excessif

22 h 15, Costello entre en scène, et je dois dire que, même si mon voisin m’avait prévenu, il est assez méconnaissable par rapport aux photos et vidéos récentes qu’on connait de lui : il a perdu du poids, s’est rasé son affreuse barbe de clochard, et s’il n’y avait le chapeau qu’il porte systématiquement depuis plusieurs décennies pour cacher sa calvitie, on aurait l’impression de retrouver le « angry young man » vitupérant et hargneux de la new wave. Bien sûr, de près – et je suis près – le visage est marqué, et on voit bien que Costello a vieilli, mais son attitude scénique, mordante, ironique, et sa voix, acide et évidemment magnifique, nous renvoient, quel que soit le type de musique qu’il interprète, à l’éternelle colère – désormais teintée d’humour - que l’on aime chez lui. Le style de musique, eh bien justement, parlons en : The Sugarcanes, c’est le nom donné aux six musiciens qui l’entourent (pas de batterie…), sont a priori des vétérans de Nashville, tous des virtuoses impressionnants, mais, comme c’est souvent le cas avec ces musiciens américains qui respirent la country depuis leur plus tendre enfance, voici un groupe qui s’amuse follement tout au long du set de 1 h 35 minutes. Oui, le paradoxe est que, si la musique est clairement dans la veine country classique, il souffle ce soir un vent de jeunesse et de plaisir qui nous éloigne complètement du risque de l’exercice de style virtuose. Il faut dire aussi que la set list n’est pas basée sur le dernier album, comme on pouvait le penser (seulement 3 chansons, dont le magnifique Complicated Shadows, une grande composition, et l’égrillard From Suphur to Sugarcane en fin de set, qui permet à Costello de s’amuser à évoquer d’interminables frasques sexuelles devant un public madrilène hilare), mais intègre nombre de petits bijoux extraits de plusieurs albums-clé de la carrière de Costello, réinterprétés avec une grande intelligence dans l’esprit country, sans qu’ils perdent pour autant de leur musicalité originelle. Je dois dire que je suis à plusieurs reprises ébloui par la subtilité de ses interprétations, qui confèrent une vie nouvelle à des chansons somptueuses (Everyday I Write the Book, soufflante !), et je me remémore d’un coup combien Costello est un musicien hors pair, qui sait faire vivre son « fond musical » en le renouvelant en permanence : le juste milieu entre l’attitude d’un Dylan (Costello se moquera d’ailleurs gentiment de Dylan ce soir) qui piétine ses chansons pour les saboter et 99% des musiciens actuels qui ne savent que reproduire à l’identique sur scène leurs morceaux. Et puis, il y a aussi ces moments « roots », où la musique redescend des hauteurs où le verbe costellien et les mélodies impeccables les hissent : là, on ne joue plus que du rock, dur ou souple, pour le plaisir, Le plaisir de faire du bruit (grande, grande version de Delivery Man, avec un Costello épileptique sur sa Gretsch électrique à quatre - « un dos tres cuatro » rigole Costello – cordes) ou simplement celui de jouer du rock paillard et bancal : je pense à la surprenante reprise de Happy en rappel, stonienne en diable, ou plutôt semblant directement sortir des sessions de Nelcote, comme Jagger et Richards ne savent plus la jouer.

Ce serait fastidieux d’énumérer tous les sommets de ce set, il y en a eu beaucoup, je citerai : la délicieuse version de New Amsterdam, très fidèle à l’esprit « Get Happy », même en medley singalong avec le You Got To Hide Your Love Away des Beatles ; un impressionnant nouveau morceau, Jimmie Standing In The Rain, bouleversant et plein de finesse, qui prouve combien Costello a vraiment retrouvé la grande forme ; le fun absolu d’un A Slow Drag With Josephine, que Costello présente comme « un pur rock’n’roll, mais datant de 1921 » ! ; et surtout, surtout la déchirante version proposée ce soir de I Want You, l’un de ses morceaux les plus extrêmes (et l’une des chansons d’amour blessé les plus dévastatrices jamais écrites)… Là, Costello hurle, postillonne, se tord, c’est à nouveau le chanteur possédé, brûlé par l’amour et la rage que l’on a toujours aimé, que l’on aimera toujours. Pendant cet abîme de désespoir, le vent se lève sur le scène, et balaye les papiers posés sur les chevalets, il y a une ambiance surnaturelle de désagrégation douloureuse, et je me surprend à me demander pourquoi Costello avait peu à peu glissé hors de ma vie, alors que ce qu’il chante, sur l’amour, sur la vie, est aussi fort, aussi essentiel. Après cela, on lui pardonne bien volontiers d’avoir écourté son set, puisque la set list montre qu’un second rappel était prévu, avec d’autres merveilles qu’on aurait aimé entendre.

PS : l'intégralité de ce CR sera sur le blog des RnRMf.


Tags: The SugarcanesComplicated ShadowsSulphur To SugarcaneEveryday I Write The BookBob DylanThe Delivery ManHappyMick JaggerKeith RichardsNew AmsterdamGet Happy!!You've Got To Hide Your Love AwayThe BeatlesJimmie Standing In The RainA Slow Drag With JosephineI Want You

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Le Journal d'un Excessif, July 23, 2010


Le Journal d'un Excessif reviews Elvis Costello & The Sugarcanes, Thursday, July 22, 2010, Escenario Puerta del Angel, Madrid, Spain.

Images

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Photos uncredited.

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