|
Elvis Costello cultive le mystère comme un jeu privilégié dont il est le seul à tirer les ficelles. Un "mystérioso" des temps modernes qui prémédite chacune de ses actions afin de n'en dévoiler qu'une infime partie. Les textes sont tellement obscurs que, une fois la signification des termes assimilée, le sens général échappe encore à la compréhension. Simplement, Costello a le don des phrases éclairs, de ces associations de mots qui vous font regretter de ne pas les avoir trouvées avant, il a ce pouvoir évocateur qui laisse à l'auditeur le soin d'apposer ses images propres.
Bien entendu, il n'imprime jamais les paroles de ses chansons sur les pochettes de ses disques. Non, Costello préfère enregistrer des morceaux différents selon les pays où sont édités ses albums, ou offrir des 45 tours gratuits, pour ajouter à la confusion, dessiner un puzzle complexe. Il n'est pas question non plus d'espérer qu'il s'explique sur le sens de ce qu'il raconte, Costello méprise les journalistes et, s'il accorde exceptionnellement une interview, c'est pour exprimer toute la haine qu'il porte au show-business. Rien d'autre. Ainsi, de lui, on ne connaît pas grand-chose. Il est apparu en 1976, sans dévoiler son passé, et c'est à peu près tout. Les légendes les plus attirantes se fabriquent de cette manière et Costello en est conscient, accumulant une somme de détails qui restent inexpliqués.
Costello est un maniaque de l'énigme, un mégalomane aussi qui se délecte de sa personne, imprime son nom sur le manche de sa guitare, monte sur scène sans un sourire à son public, sans une phrase. Il est comme ça, Costello, petit, sombre, nerveux, des lunettes qui lui dissimulent la moitié du visage, et il joue le rock comme on retire une épine du pied. Teigneux et douloureux. Il a enregistré trois albums avec son groupe, les Attractions, trois merveilles de cohérence. Costello a un son, quelque chose qui n'appartient qu'à lui, et cela tient peut-être à son phrasé de guitare, ample et...
|
