Gueule (en gros plan sur la pochette) de pochard repenti, gonflée par l'alcool avec barbe rousse négligée et avare, surmontée d'une couronne en tissu, accessoire dérisoire au vu du titre de l'album : King of America (sortie mondiale le 14 février). C'est le nouveau pied de nez (et rendez-vous annuel) de Declan Patrick Aloysius Macmanus, sujet britannique qui, dix ans après s'être approprié le prénom d'Elvis, récidive pour se proclamer " King ". Un roi culotté (à l'envers ?) au point de présenter une image de lui aussi volontairement défaite, qui va bien dans sa manière d'être toujours où l'on ne l'attend pas.
On connaît les va-et-vient systématiques d'une carrière, du soul (Get Happy !), au country (Almost Blue), en passant par le pop baroque (Impérial Bedroom), etc. Ici, c'est un retour au naturalisme qui pioche dans le folk. Un album de grande pureté, austère et rude, tout d'un bloc comme il aime à les imaginer, et qu'on a, comme de coutume, toutes les peines à assimiler. Toutefois, le jeu de ces quinze morceaux serrés en vaut la chandelle : textes piquants, mélodies astucieuses et compliquées, Elvis Costello est décidément l'un des grands auteurs-compositeurs du rock, de toute façon le plus prolifique, créant sans perdre haleine, sensible et intelligent, excentrique et classique. Sans oublier sa voix qui empoigne dès le premier morceau.
Cette fois, les Attractions (son groupe attitré) ont éclaté pour laisser place à des musiciens américains (pour beaucoup empruntés à Elvis, l'autre) sur un disque produit par T-Bone Burnett (le grand benêt folkeux qui assurait la première partie de ses concerts en solo).
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