Le Monde, June 21, 2005

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Elvis Costello, rocker éclectique


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Stéphane Davet

Bien qu'il ne figure plus en haut de l'affiche, à 50 ans, le chanteur et musicien anglais reste prolifique et touche-à-tout. Il devait donner un concert mercredi à Paris.

Alors que de jeunes musiciens multiplient aujourd'hui les références au punk et à la new wave de la fin des années 1970 et du début des années 1980, on peut s'étonner ­ et se désoler ­ qu'Elvis Costello soit si peu cité par cette nouvelle vague rock. Quelques mois après les sorties des premiers albums des Sex Pistols et de Clash, un gringalet binoclard du nom de Declan MacManus avait pourtant imposé un florilège de chansons bilieuses en empruntant le prénom du "King" pour l'accoler avec dérision au nom de jeune fille de sa maman. Considéré par beaucoup comme le meilleur auteur de sa génération, Elvis Costello allait connaître une ascension fulgurante avant de s'essayer à une myriade de styles et de se constituer un CV en béton en prêtant ses talents de "songwriter" à des personnalités aussi prestigieuses que Paul McCartney, Johnny Cash, Burt Bacharach, Roy Orbison, Dusty Springfield ou Solomon Burke.

A la recherche d'un son, d'une attitude sur lesquels s'appuyer, les groupes du renouveau rock ont sans doute du mal à s'identifier à une personnalité aussi éclectique, même si des albums comme This Year's Model, Get Happy ! ou Imperial Bedroom se doivent de figurer dans toute bonne discothèque.

Dans un foisonnement de mots qui l'aura plus d'une fois fait comparer à Bob Dylan, Costello aura goûté à la pop, au folk, au cabaret, au jazz, à la country, à la soul et même à la musique de chambre. En concert à Paris, à la Cigale, mercredi 22 juin, le chanteur à la voix âpre est toujours actif, contrairement à beaucoup d'autres. Il y a quelques mois, pour fêter son cinquantième anniversaire, cet incurable boulimique a sorti simultanément deux albums, The Delivery Man et Il Sogno. Enraciné dans le terroir américain, le premier retrouve les vertus d'un rock direct et abrasif. Le second, publié par le label Deutsche Grammophon, interprété par le London Symphony Orchestra, contient la musique composée par Elvis Costello pour un ballet du chorégraphe italien Mauro Bigonzetti, inspiré de la pièce de Shakespeare Le Songe d'une nuit d'été. Avec plus d'orgueil et de sérieux que d'inspiration, il y brasse romantisme classique, pointes de jazz et de comédie musicale. "Certains qualifient mes projets de récréation quand je délaisse le rock, alors que ce genre de travail demande encore plus d'implication et d'exigence. Il y a moins de quinze ans, je composais des chansons pop sans savoir écrire la musique. Depuis, j'ai appris à écrire les partitions pour avancer avec des gens qui viennent d'autres sphères", explique celui qui enregistra aussi avec un quatuor de musique de chambre, le Brodsky Quartet, et la cantatrice Anne Sofie von Otter.

Avec l'âge, Declan MacManus semble se rapprocher de la richesse musicale de ses souvenirs d'enfance. Fils d'une disquaire et d'un trompettiste de be-bop, ayant fait carrière dans les orchestres de bal, le futur Elvis a baigné dans le nec plus ultra du jazz, de la musique classique et de la musique populaire des années 1950. "Jusqu'à ce qu'à l'âge de 9 ans je développe une passion exclusive pour les Beatles. Mes parents étaient comme eux originaires des bords de la Mersey. Jusque-là, les artistes qui venaient du nord de l'Angleterre étaient surtout des comédiens. Soudain, le plus grand groupe du monde venait de Liverpool."

Costello attendra ses 13 ans pour s'offrir une guitare. L'apprentissage de l'instrument se greffera à une autre passion : l'écriture. "J'ai toujours adoré raconter des histoires, créer des personnages, se souvient celui qui fut un jour baptisé le "dictionnaire chantant". J'écrivais des récits, de la poésie, des pièces de théâtre. Immédiatement, mon goût du chant, la guitare et mes désirs d'écriture se sont connectés." Fasciné par l'artisanat de la chanson, le jeune homme apprend son métier dans les pubs, auditionne sans succès auprès des maisons de disques. Jusqu'à ce que les coups de boutoir du punk ouvrent les portes à ceux qui jusque-là ne semblaient pas répondre aux critères de l'époque. Il va alors réussir à se façonner un personnage. "J'ai compris que pour décoller je devais réduire mon champ de vision musicale. Mes textes tendaient naturellement vers la confrontation, restait à rendre ma musique plus agressive." Avec son groupe, les Attractions, efficace mélange d'acidité, de savoir-faire mélodique et d'énergie spasmodique, cet ancien opérateur informatique pour les laboratoires Elizabeth Arden joue de son look coincé et de ses grosses lunettes pour composer un genre de Buddy Holly sous amphétamines. De 1977 à 1981, il sera l'incarnation d'un "jeune homme en colère" crachant ses frustrations amoureuses avec un sens aigu de la formule et de la provocation misanthrope ou, à tout le moins, misogyne. "Après avoir descendu 14 Pernod, j'avais un jour déclaré que tous mes morceaux étaient le fruit de la vengeance et de la culpabilité. Quant aux femmes, je m'en prenais surtout à l'image qu'en renvoyait l'industrie de la mode. En réalité, c'est pour pouvoir écrire des chansons plus étoffées en émotions que mon style a évolué."

Après cinq albums sous tension et plusieurs hits, l'"angry young man" de la new wave prend une première fois ses fans à contre-pied en enregistrant, à Nashville, un disque de reprises de standards country (Almost Blue). Alternant dépouillement inspiré (King of America) et maniérisme surchargé (Spike), Costello tracera ensuite sa route avec une liberté qui égarera parfois ses admirateurs. Celui qui, même comme producteur, savait créer l'événement disparaîtra petit à petit du haut de l'affiche, tout en restant prolifique et respecté.

Le prestige de ses collaborations ­ - après avoir composé avec lui une douzaine de chansons, Paul McCartney affirmera un jour avoir trouvé en lui un "équivalent de John Lennon" ­ - masquera parfois cette perte d'urgence qui guette le musicien de rock, une fois évacuée la postadolescence. Mais Costello a de beaux restes. A l'époque de la guerre des Malouines, il composa pour Robert Wyatt une des plus belles chansons pacifistes du rock anglais (Shipbuilding). Aujourd'hui, il s'en prend à l'administration Bush dans Scarlet Tide, un titre tiré de The Delivery Man, qui met en parallèle la cruauté de la guerre de Sécession et le bourbier irakien.

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Le Monde, June 21, 2005


Stéphane Davet previews Elvis Costello and The Imposters on Wednesday, June 22, 2005 at La Cigalle, Paris, France. The show was subsequently cancelled.


Biographie


1954
Naissance de Declan Macmanus, à Londres.
1977
Premier album, My Aim is True.
1987
Collabore avec paul McCartney.
2004
Sortie simultanée des albums The Delivery Man et Il Sogno.

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