Libération, January 28, 2022

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Elvis Costello, piqûre de jouvence


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   Christophe Conte

The Boy Named If, 32e album de l'Irlandais débarrassé de ses complexes, offre des titres euphoriques ou limpides sans jamais verser dans l'auto-parodie.

Elvis Costello And The Imposters
The Boy Named If

A 67 ans et en rémission de cancer, Elvis Costello est à nouveau en pleine montée de sève, comme s'il avait retrouvé l'influx nerveux des années 80. Ainsi, après Look Now (2018), qui témoignait d'un regain de forme assez vivifiant, après le contrasté mais audacieux Hey Clockface (2020) enregistré en partie en France, après une version espagnole et récréative de This Year's Model (Spanish Model, 2021), voici que débarque façon ouragan The Boy Named If.

Un 32e chapitre d'une discographie que l'on a eu tort de croire définitivement encalminée, fleurant la retraite anticipée de l'ex-teigne irlandaise devenue ami des stars, mari de diva jazz (Diana Krall) et ambianceur de late shows, alors qu'il en avait encore sous la pédale.

Ce n'est sans doute pas un hasard si la pochette (moche, une constante depuis des années) rappelle non sans malice le saignant et cinglant Blood & Chocolate, le dernier estampillé EC & The Attractions, en 1986, qui clôturait avec rage un premier cycle imparable, celui d'un "angry young man" entouré de trois artilleurs doués et soudés comme un gang. Deux d'entre eux, l'incontournable Steve Nieve et ses claviers jamais tempérés, ainsi que le batteur Pete Thomas, font encore partie des murs porteurs de The Imposters, ici en action, voire en "attractions" si on en juge par la dynamique impeccablement retrouvée du son et de l'exécution pendant plus de cinquante minutes sans déchet ni répit.

Cordes vocales en sang dès le titre d'intro ("Farewell, OK", mais pas d'adieux qui vaillent), Costello ne s'était pas présenté aussi en pétard depuis des lustres, ce qui n'empêche en rien ce disque capiteux de culminer avec des ballades aux beautés soul ("Paint the Red Rose Blue") ou country mélancolique nimbée de chœurs ("Mr. Crescent"), entre deux galops d'apocalypse. Avec ses orgues aigrelettes et ses contretemps reggae, son emballement soudain sur les refrains, "Penelope Halfpenny" ressemble à un inédit de 1978, quand les multiples mouvements qui s'enchâssent sur "My Most Beautiful Mistake" (avec la voix racée de Nicole Atkins pour l'accompagner) ramènent à l'époque bénie de Imperial Bedroom.

Mieux encore que Weller sur ses derniers coups de mentons eux aussi réjouissants, Costello est désormais sa propre influence, sans jamais verser dans l'auto-parodie mais débarrassé de ses complexes des années 90-2000, lorsqu'il quémandait au contact de ses idoles (de McCartney à Burt Bacharach ou Allen Toussaint) une légitimité d'éternel dévoué. Pleinement euphorique et rajeuni sur des titres irrésistibles ("The Difference," "Mistook Me For a Friend"), complexes ("What If I Can't Give You Anything But Love?") ou limpides ("The Death of Magic Thinking", hommage involontairement posthume à Joan Didion), Elvis en jouvence prend tout le monde à revers. Et procure l'agréable et inédite sensation de tenir un genre de best-of, constitué de chansons entièrement neuves.


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Christophe Conte reviews The Boy Named If.

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