Moustique, November 4, 2020

From The Elvis Costello Wiki
Jump to navigationJump to search
... Bibliography ...
727677787980818283
848586878889909192
939495969798990001
020304050607080910
111213141516171819
202122232425 26 27 28


Moustique

Belgium publications

Newspapers

Magazines

Online publications


-

Elvis Costello

"Je n'ai pas le droit de me plaindre"

translate
   Luc Lorfèvre

Guéri d'un cancer, le chanteur de 66 ans revient en force avec une réédition d'Armed Forces, disque phare de la fin des années 70 et Hey Clockface, nouvel album engage et toujours défricheur.

Deux ans après s'être fait enlever une tumeur cancéreuse, Elvis Costello retrouve des couleurs. Sur Hey Clockface, il se plait encore à brouiller les pistes. Ce trente et unième album (!) alterne chansons rock vindicatives ("No Flag," "We Are All Cowards Now"), titres expérimentaux ("Revolution #49" plus recite et chanté) et surtout des morceaux aux effluves jazz enregistrés à Paris avec Steve Nieve, claviériste de son premier groupe The Attractions et le bien nommé Quintette de Saint-Germain.

Ce retour coincide avec le réédition de ses premiers disques. L'occasion de retrace un parcours qui a débuté à la fin des années 70 à Londres lorsqu'il fut associé à la scène punk au travers de trois albums désormais cultes (My Aim Is True, This Year's Model, Armed Forces) et s'est poursuivi de manière plus aventureuse. Peu important les styles visités (pop, country, jazz, classique) ou les collaborations (Paul McCartney, Burt Bacharach, mais aussi The Roots ou la pianiste Diana Krall avec qui il partage sa vie depuis 2003). Elvis Costello est toujours resté cet outsider émouvant et défricheur.


Vous dites avoir conçu Hey Clockface dans une approche jazz. Que recherchiez-vous?

C'est peut-être une reaction à mes ennuis de santé, mais j'avais envie que ce disque soit-vivant avec des chansons exigeant un jeu fort, intime et beau. Quand je suis arrivé à Paris, où vit mon claviériste Steve Nieve, je lui ai demandé de recruter des musiciens jazz. Ce Quintette de Saint-Germain est aguerri à toutes les musiques, que ce soir du jazz, du classique, de la pop ou des sound-tracks, mais il ne connaisait pas grand-chose de mon repertoire. D'habitude, ces musiciens reçoivent des partitions. Là, je leur ai fait écouter des maquettes et nous avons joué ensuite tous ensemble. Je ne parle pas français et eux, ils ne parlent pas anglais. On s'est compris avec la musique, c'était quelque chose de très sain et de spontané. C'est ce que je recherche aujourd'hui. Le résultat a dépassé toutes mes espérances.

En écoutant "The Whirlwind," on ne peut s'empêcher de penser à Blackstar, le dernier album de David Bowie qui avait, lui aussi, recruté une formation jazz.

Ouah! Ce serait le plus beau compliment qu'on pourrait me faire. Mais je ne sais pas si je serai capable d'écrire un jour quelque chose de comparable à ce que Bowie a fait sur Blackstar. C'est l'un de mes disques préfèrés de Bowie et pas seulement parce que c'est son dernier. En toute humilité, le seul point où on se rejoint, c'est dans cette envie de bousculer et de se laisser bousculer artistiquement.

Dans "We Are All Cowards Now," vous parlez de "pornographie de la violence" et vous-mettez des armes à feu dans le clip. Qu'est-ce qui provoque cette colère?

Ce n'est pas de la colère, c'est un cri du cœur adressé au genre humain. "We Are All Cowards Now" ("Nous sommes tous des làches maintentant") est un peu dans la même veine que "What's So Funny About Peace, Love And Understanding" ("Qu'y a-t-il de si marrant au sujet de la paix, l'amour et la comprehension?") que j'ai écrit voici quarante ans. Mais cette fois, j'ai voulu utiliser des mots forts pour interpeller sur cette peur d'aimer et ce manque d'empathie qui règnent actuellement. Ce sont des metaphors pour rappeler qu'il y a urgence.

Vous dites dans Hey Clockface que vous ne voulez plus perdre votre temps. Vous avez l'impression de jouer le montre?

L'idée de la chanson, c'est qu'il faut se consacrer aux choses essentielles. Quand on guette à la maison le retour des enfants ou de saison partenaire, on regarde l'horloge (Clockface) et les aiguilles ne tournent pas assez vite. Et puis quand on est ensemble, on voudrait, par contre, que le temps s'arréte. Pour être sans cesse sur la route, je connais bien ces sentiments. C'est drôle car cette chanson est née alors que j'etais en convalescence. Il y a eu ensuite le confinement et l'arret des tournées. Pour la première fois de mon existence, j'ai tout le loisir de passer tout mon temps à écrire et rester auprès de ceux que j'aime. Et je me rends compre à quell point c'est agrèable.

Vous rèéditez aussi Armed Forces, votre classique sorti en 1979. Quel regard portez-vous sur ce disque?

Je n'ai pas l'habitude de réécouter mes anciens albums et je ne me scrais sans doute pas lancé dans une telle réédition il y a quelques années encore. Mais là, je me dis que c'est peut-être le bon moment. Armed Forces ressort dans un box avec des démos, des disques live, mes notes de travail, des photos. Au depart, Armed Forces devait s'appeler Emotional Fascism. Il y avait alors la montée du National Front en Angleterre, mais cette idée de "fascism émotionnel" évoquait surtout mon point de vue sur les relations amoureuses. J'avais l'impression qu'un des deux partenaires essayait toujours d'aliéner et de dominer l'autte. J'avais vingt-quatre ans quand j'ai fait Armed Forces. Je ne pense plus forcément la même chose aujourd'hui. C'est toujours particulier pour un auteur-compositeur de ressortir ce que tu as dir ou écrit à tes débuts. Mais ça reste mes chansons. Il y a des titres d'Armed Forces comme "Oliver's Army," "What's So Funny About Peace, Love And Understanding" ou "Accidents Will Happen" que je joue encore aujourd'hui.

Vous n'avez jamais été un artiste blockbuster, mais après quatre décennies, vos disques sont toujours attendus. C'est une situation comfortable?

Le plus important pour moi, c'est d'écrire de nouvelles chansons. Dans la pop, quand un morceau deviant un hit massif, il y a toujours ce truc émotionnel qui vous raméne à l'époque où vous avez acheté le disque ou l'avez entendu la première fois. Ça peut vite se transformer en nostalgie avec le piège pour l'artiste de ne plus exister auprès du public que pour ça. Moi j'ai la chance d'avoir une audience, plus restreinte certes, qui me suit pour ce que j'ai pu écrire dans la passé mais qui est aussi curieuse de découvrir mes nouveaux albums. Je n'ai pas le droit de me plaindre.

Votre père était musicien de jazz et votre mère gérait un magasin de disques. Tout vient de là?

Je n'ai suivi aucun cours de solfège. Toute mon éducation musicale vient de mes parents. Mon père a joué dans l'un des big bands les plus populaires d'Angleterre avant de trouver un métier plus "sérieux". Enfant, je l'accompagnais en studio ou dans des émissions de la BBC. Ma mère, quant à elle, a bossé pour un label avant d'avoir son propre magasin de disques. Elle rentrait avec plein de 45 tours promo à la maison. J'ai baigné là-dedans, je connaissais tous les rouages du milieu. Par rapport à tous les groups punk perdus dans ce business qui leur était complètement étranger, je maïtrisais mieux la situation à mes débuts. Ça m'a beaucoup aide et ça m'aide encore. Quand j'ai bossé avec le Quinette de Saint-Germain pour mon nouvel album, j'ai beaucoup pensé à mon père.

Elvis Costello / Hey Clockface
3-star reviews3-star reviews3-star reviews


Tags: Armed ForcesHey ClockfaceNo FlagWe Are All Cowards NowRevolution #49ParisSteve NieveThe AttractionsLe Quintette Saint GermainMy Aim Is TrueThis Year's ModelPaul McCartneyBurt BacharachThe RootsDiana KrallThe WhirlwindDavid Bowie(What's So Funny 'Bout) Peace, Love And Understanding?Oliver's ArmyAccidents Will Happen

-

Moustique, November 4, 2020


Luc Lorfèvre interviews Elvis Costello following the release of Hey Clockface.

Images

2020-11-04 Moustique pages 50-51.jpg
Photo credit: Lens O'Toole.

Page scan.
2020-11-04 Moustique page 52.jpg


Cover.
2020-11-04 Moustique cover.jpg

-



Back to top

External links