Rock & Folk, March 1989

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Rock & Folk

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Spike

Elvis Costello

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   Hugo Cassavetti

Après nous avoir livré coup sur coup deux albums aussi complémentaires qu'indispensables en 86 (le raffiné et ricain King Of America suivi du brutal et anglais Blood & Chocolate) ainsi qu'une série de concerts mémorables avec ou sans les Attractions, Elvis Costello nous a laissé plus de deux années pour digérer le tout. Deux années pendant lesquelles il s'est consacré à sa tendre épouse, Cait "Pogue" O'Riordan, ne sortant de sa tanière qu'à l'occasion de sessions légendaires avec Paul McCartney ou le regretté Roy Orbison. Car le Costello-fan ne dort jamais, toujours prêt à servir de faire-valoir créatif à ses idoles. Mais il sait aussi que le meilleur hommage qu'il puisse rendre à ces derniers, c'est en faisant mieux qu'eux, en profitant de l'expérience, du savoir et des bases qu'ils ont établis, plutôt que de les singer en leur tenant la main comme à des vieillards à l'hospice. C'est grâce à cette exigence envers lui-même que le Declan MacManus, alias The Imposter, alias Napoleon Dynamite, alias Costello, n'a jamais réalisé de mauvais disque. Et Spike, son premier chez WEA, ne fait donc qu'ajouter quatorze titres exceptionnels de plus au répertoire déjà considérable du songwriter le plus constant, si ce n'est inspiré, de la décennie. Spike est à prendre, après l'épisode passionné et brut de Blood & Chocolate, comme la suite artistique de King Of America, du moins par la forme. Attractions remis en veilleuse, T. Bone Burnett de nouveau aux consoles et une pléiade d'invités prestigieux (McCartney, Roger McGuinn, Jerry Scheff, Jim Keltner, Chrissie Hynde...) pour cet album enregistré à LA, New Orleans (Allen Toussaint !), Dublin (coucou, les Waterboys et Londres. Sauf que cette fois-ci, Costello ne s'est pas cantonné au terrain balisé du country rock puriste US, mais, tel un Tom Waits versatile, explore tous les styles qui le hantent depuis toujours, comme jadis les Kinks sur Muswell Hillbillies. Vaudeville pour "Miss Macbeth," big band pour "Stalin Malone," sorte de générique d'un polar imaginaire, jazz Waitsien, langoureux ou violent pour "God's Comic" et "Chewing Gum" (on retrouve d ailleurs deux complices habituels de Tom sur ces titres, Marc Ribot et Michael Blair), ballades irlandaises assistées de Steve Wickham pour "Any King's Shilling" et "Tramp The Dirt Down" ou simple pop millésimée pour "Veronica" (co-signée par Macca, un hit à la "Oliver's Army"). Et ce n'est que la moitié du disque ! Touche-à-tout de génie, Costello reste souverain dans tout ce qu'il entreprend, comme si la qualité de ses textes interdisait à sa musique d'être médiocre alors que c'est si souvent le contraire chez d'autres paroliers d'exception. Avec Paddy McAloon dont les arrangements ultra-sophistiqués FM finissent par donner la nausée et des Dylan ou Ray Davies franchement inconstants, il n'y a guère plus que Costello qui justifie encore qu'on se donne la peine de faire un réel effort d'écoute. On n'est jamais déçu. Nous en laisserat-il, cette fois-ci, seulement le temps ?


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Rock & Folk, No. 261, March 1989


Hugo Cassavetti reviews Spike.

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Clipping.


Cover.
1989-03-00 Rock & Folk cover.jpg

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