Costello, c'est parfois superbe mais souvent ennuyeux. Nombre de ses albums (et il y en a !) sont impeccables mais ne donnent pas envie d'y revenir. Ainsi, le premier disque enregistré avec les imposters. The Delivery Man, en 2004, forçait l'admiration mais laissait légèrement de marbre. Tout comme le suivant Momofuku paru en 2008. On sentait bien que ce supergroupe, comme on disait à la grande èpoque, composé du géniai Steve Nieve aux claviers, de Pete Thomas à la batterie (un des meilleurs batteurs du monde, on ne le dit pas assez) et de Davey Faragher à le basse, pouvait faire beaucoup mieux. C'est fait. Dès les premières notes, c'est gagné "Under Lime", à la fois mélodique divinement arrangé et propulse par une rythmique féline, reassemble à un chute d'"Imperial Bedroom", le chef-d'œuvre luxuriant de 1982, produit par le regrette Geoff Emerick, l'ingêineur du son des Beatles. Costello a sciemment œuvre en ce sens: "Je savais que si on pouvait faire un album possedant l'ampleur d'Imperial Bedroom et un peu de la beauté et de l'émotion de "Painted From Memory", on aurait vraiment quelque chose," Il l'a compris à l'ete 2017, en tournant avec ce groupe fabuleux pour rendre hommage à cet album fantastique. Donner une suite à un classique en restant a sa hauteur? Plus facile à dire qu'a faire. Comme si McCartney se réveillait un matin en essayant d'enregistrer la suite de "Rubber Soul" ou "Sgt. Pepper" _ il se l'est sûrement déjà dit, mais n'a jamais vraiment réussi... Costello, toutes proportions gardées, si. Et il rejoint ici l'un des rares autres gèants à avoir connu ce second souffle creatif. Neil Young (entre autre avec "Harvest Moon", digne suite donnée à l'indépassable "Harvest"). Pour le côté "Painted From Memory", le fameux album en duo, on retrouve ici Burt Bacharach coauteur de deux superbes balades, "Don't Look Now" et "Photographs Can Lie", qu'il accompagne au piano, de même que "He's Given Me Things". Et dans la même veine sixties, on trouve une excellente version d'"Unwanted Number", qu'Elvis avait à l'origine écrite pour le très beau film "Grace Of My Heart", où elle était chantée par For Real, un quartette vocal féminin plus Supremes que nature. Ce film d'Alison Anders marquait d'ailleurs le début de sa collaboration avec Bacharach (le somptueux "God Give Me Strength") et recontait une histoire inspirèe de celle de Carole King. Sur ce nouvel album, Costello s'est carrément paye le luxe d'écrire avec la grande dame l'exceptionnel "Burnt Sugar Is So Bitter". La boucle est bouclée. Ce disque n'est que bonheur, admirablement coproduit par Costello et Sebastian Krys, avec des arrangements majestieux, mais jamais envabissants, de cuivres, de cordes, de chœurs et les claviers d'un Steve Nieve au sommet de son art, á l'image du très soul "Suspect My Tears" - où l'on retrouve l'ambiance du roboratif "Get Happy!" La section, rythmique, elastique et inventive, est inegalable. Et Costello n'a jamais aussi bien chanté. La maladie qu'il combat i'a-t-elle poussé dans ses retranchements? On est en droit de se poser la question à l'ecoute émerveillée de cet album au charme immédiat, facile à ecouter, accessible á tous, enthusiasmant, débordant d'energie, sublimement interprete. C'est bien simple, on se croirait en 1979.
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