Rock & Folk, October 1982

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Elvis Costello — Monologue


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   Michka Assayas

C'est bien connu Elvis Costello refuse énergiquement les interviews. A telle enseigne que despuis bientôt quatre ans, plus personne ne se fatigue à téléphoner à Jake Riviera pour quémander un entretien avec le grand homme.

Pourtant — et c'est devenu proverbial — Elvis Costello adore parler. Et le grand bavard qui sommeille en lui ne demande qu'à se répandre partout et sur tous les sujets.

Pour ce faire, l'homme a trouvé une astuce qui lui permet d'éviter de se retrouver devant les crétins qui lui demandent pourquoi il n'aime pas les nègres ou ce qu'il pense de Joe Jackson. Il enregistre des quasi-monologues accompagnent la sortie de ses dernières productions. A Conversation With Elvis Costello se présente sous la forme d'un double album non disponible dans le commerce, où on l'entend commenter au fur et à mesure tous les morceaux d' Imperial Bedroom.

La voix chaude, grave enjouée, Elvis Costello ressort comme une nature joviale, optimiste, les pieds fermement posés sur terre. Et si ce n'était pas suffisant, le solide accent de Liverpool ("love" prononcé "loov") complète la personnalité de cet homme pétri de bon sens.

Sur la genèse du disque: "Nous avons fait avec groupe le pacte de traiter chaque chanson individuellement à la différence des autres albums où l'on débattait avec Nick Lowe d'une idée générale de production."

Sur la production: "J'ai co-produit le disque avec Geoff Emerick. J'ai mis "sur une idée originale d'Elvis Costello" parce que je ne voulais pas que son rôle soit ensuite minimisé par la presse. (Il compare son rôle à lui à celui qu'il jouait sur "East Side Story" de Squeeze, où ses contributions se réduisaient à des suggestions du genre: "Et si on mettait une batterie qui fait booooom ici?") Geoff (qui a été l'ingenieur du son de Sgt. Pepper et d' Abbey Road) avait des doutes très sains sur les tendances les plus suspectes de la production moderne, que j'avais aussi. Je n'ai pas envie de faire des disques qui sonnent "Soixante", mais il y a des elements de la production des Années 60 qui se sont peu à peu érodés. La grosse caisse devient de plus en plus forte, à un point que c'en est grotesque. Et la voix est devenue de plus en plus faible." (C'est sur le travail de la voix qu'il est particulièrement satisfait des services des Geoff Emerick.)

Sur l'origine des chansons: "Je n'ai pas gardé la plupart de celles que j'avais écrites à l'époque d'"Almost Blue". Il y eu un changement d'attitude global dans mon écriture. En studio, j'ai eu des doutes. Nous avons enregistré les backing tracks, et j'ai ensuite modifié la plupart des mélodies. J'ai entièrement réécrit "Beyond Belief" en studio, par exemple. A l'origine, les paroles étaient dénaturées, parce que je les chantais à un rythme aussi frénétique que l'accompangement. Alors j'en ai coupé la motié, et j'ai pu les chanter moitié moins vite en gardant le méme accompagnement. C'est ça qui rend la chanson originale."

Sur "Tears Before Bedtime": "Je chante d'une façon résignée plutôt que très douloureuse. Je crois que Jes gens ont eu leur dose de douleur et de souffrance, surtout sur nos disques. C'est une chanson humoristique. "

Sur "Shabby Doll": "Il y avait cet hôtel où nous étions passés pendant une tournée, qui avait ces vieilles affiches encadrées de musiciens; et on voyait en dessous des légendes comme "He's the elegant gentleman of song". Sous le portrait d'une chanteuse, on lisait " She's just a shabby doll". Je ne sais pas pourquoi: peut-être elle arrivait sur scène en haillons (shabby = râpé, usé}, au c'était les paroles d'une de ses chansons. Au début, les gens comprenaient " shaggy dog " (chien poilu). "

Sur "The Long Honeymoon" : "La chanson a quelque chose de français, alors on a pensé mettre un accordéon dessus."

Sur "Man Out Of Time" : "Quand nous avions fait un show country and western à Aberdeen, nous avians habité dans une maison de campagne qui, pour une raison quelconque, m'aveit semble sinistre. Ça m'a suggére l'idée d'un manège sinistre dans des intérieurs aristocratiques. Et je suppose que ça parle de moi également. La chanson evoque la notoriété, la façon dont on s'y habitue, dont on l'implore. "

Sur “Almost Blue“ : “C'est une tentative d'écrire dans un style classique. Il n'ya pas un mot dans les paroles qu'on n'entendrait pas, logiquement, dans une chanson ecrite autour de 1940. Le style de cette chanson m'été suggéré par l'écoute de Chet Baker. C'est la seule personne que j'aimerais entendre reprendre cette chanson, à part Frank Sinatra, bien sûr, parce que là je serais très riche.

Sur “ ... and In Every Home” : “ Quelqu'un a dit que ça ressemblait a “ l'Opéra de Quat'Sous “, et ça ne me dérange pas du tout. C'est une chanson sur le fait d’être au chômage. Je n'ai pas essayé de rendre le sujet majestueux, mais j'ai essaye de dire que la personne a beaucoup plus de valeur que son travail.

Sur “ The Loved Ones “ : “L'idée de a chanson, c'est “au diable la postérité “, ou “il vaut mieux vivre que mourir jeune“. Tous les musiciens junkie qui meurent dans des circonstances pretendument romantiques, au les ecriveins alcooliques qui meurent dans un flamboiement de fausse gloire, ont un père et une mère ou une sœur quelque part qui vont pleurer toutes les larmes de leurs yeux, et c'est le propos de la chanson. C'est à eux d'enterrer l'imbécile.

Sur “ Human Hands “: “C'est une chanson d'amour sans detours, qui évoque le fait de ne pas être capable de dire “je t'aime“ ou peut-être de ne pas le dire assez clairement.

Sur “Kid About It“ : “Ça parle du mensonge, du fait de fuir ses reponsibilités. Je joue pratiquement de tous les instruments dessus, comme sur “New Amsterdam” et “Big Sister’s Clothes”.

Sur “Little Savage”: “C’est une chanson d’amour malgré elle. Beaucoup de chansons on été écrites qui disent “I love you”, “the sky’s blue”, et beaucoup d’autres dans le genre désepéré, mais jamais entre les deux. Je crois que je remplis ce role, qui est d’ecrire des chansons qui ne sont pas toujours béates (starry-eyed).

Sur “Boy With A Problem” (paroles de Chris Difford, de Squeeze) : “Chris a un tel métier en termes de mètre et de rhythme, tellement supérieur au mien…

Sur “Pidgin English”: “C’est presque une chanson politique. Je trouve que la façon dont la langue anglaise est mise en pièces par les journaux comme le “Sun” est écœurante. Tôt ou tard, il n’y aura plus de mots pour dire des choses importantes, à part “We want the World Cup”. Le morceau est devenu peu à peu experimental. Quand on l’a joué, au début, ça sonnait vraiment “new-wave”, comme les Jags, quelqu’un qui nous imitait. J’ai détesté ça.

Sur “You Little Fool”: “Vous connaissez cette chanson, “Mother’s Little Helper”, des Rolling Stones, quand c’était encore un bon groupe? Cette mère s’imagine qu’elle est libérale (en donnant des pilules à sa fille), mais elle ne lui apporte aucune aide. J’aime beaucoup ce qu’a dit Adam Ant: Il n’y a pas de règle qui vous oblige à perdre votre virginité. C’est la mère qui a trop lu de “Cosmopolitan” et qui se met à bourrer la tête de sa fille: “Lis l’article sur “la femme sensuelle”. It’s a load of old bollocks.

Sur “Town Cryer”: “Quand on a enregistré ce disque, je me suis dit que les gens en avaient peut-être assez de m’entendre gémir sur “Almost Blue”. Il ne faut pas abuser des bonnes... choses (on l’entend rire distinctement). Cette chanson parle de ça : arrêter de s’apitoyer sur soi-même. Je voulais que ça sonne comme les Impressions: le pont est un hommage à Curtis Mayfield. C’est une musique évoquant quelqu’ un qui disparait dans le lointain.

Conclusion: “L’album devait s’appeler “This Is A Revolution Of The Mind”. Ça vient de la fin de “King Heroin” de James Brown. “Get your mind together and get away from the drugs / This is a revolution of the mind.” Mais je me suis dit que des gens prendraient ça au sérieux, comme un titre des Moody Blues. Après, on a pensé à “P.S. I Love You”, mais K-Tel devait sortir une compilation, genre “20 Merveilleux Succès Romantiques”. J’ai juste pensé à “Imperial Bedroom” un jour, je ne sais pas pourquoi, ça semblait offrir la bonne combinaison de splendeur passé et d’odeur d’alcôve. Quel est le genre de musique de votre nouvel album? Je dirais que c’est une musique genre chambre impériale.” J’imagine qu’il a fallu l’assommer pour l’arrêter.


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Rock & Folk, No. 189, October 1982


Michka Assayas reports on the Conversation With Elvis Costello interview promo.

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Clipping and page scan.


Photo by Barry Plummer.
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Cover.
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