Belgium Soir, July 24, 1991

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Elvis Costello en mini-tournee d'ete dites-le avec des roses pas du tout, passionnement, a la folie


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   Thierry Coljon

La nouvelle tournée d'Elvis Costello évite une nouvelle fois une salle belge. Compte rendu d'un show de deux heures et demie.

A cause de Torhout-Werchter où il est apparu en 1981, 1986 et 1989, notre pays n'a plus droit à un concert en salle d'Elvis Costello, et ce n'est pas sa nouvelle tournée avec son groupe Rude 5 qui y changera quelque chose car celle-ci se réduit à vingt dates en Europe. Il nous a donc fallu passer la frontière batave pour retrouver celui qui y connaît, il est vrai, un succès plus important que chez nous, comme le prouvait également l'absence à ce déplacement de journalistes de tout autre représentant de la presse belge francophone que votre dévoué serviteur.

C'est faire peu de cas d'un public qui, sans être large, a néanmoins su craquer encore récemment sur des oeuvres très réussies comme The King of America, en 1986, ou, surtout, Spike, en 1989. On avait retrouvé à cette occasion de plein air Elvis avec ses Attractions tandis qu'en 1989 c'était seul que le binocleux s'était présenté à nous. Cette fois, c'est avec un groupe de quatre fidèles musiciens rebaptisé Rude 5 qu'il tourne, à savoir le grand Marc Ribot à la guitare, l'Attraction Pete Thomas à la batterie, l'ex-Presley Jerry Scheff à la basse et le claviériste de sessions Larry Knechtel.

Le nouvel album s'appelant Mighty Like A Rose, c'est dans une ambiance écarlate que baigne tout le concert: chaussures rouge (cf. "Red Shoes," en 1977), guitare (entre autres) rouge, light show à dominante rouge et ballons de vin rouge à portée de main en guise de carburant. Et il en aura bien besoin, car cela faisait longtemps qu'on n'avait plus vu maître Declan MacManus se donner à ce point. Après une heure et demie d'un concert où il n'épargne guère ses efforts vocaux ni guitaristiques, on croit qu'on s'en tirera avec un petit rappel de dix minutes quand on constate que l'homme ne peut plus s'arrêter au point de saluer le public l'ovationnant debout après quatre rappels totalisant une heure.

Une telle performance lui permet évidemment de passer en revue l'ensemble de son très vaste répertoire, avec néanmoins une petite préférence toute légitime pour Spike, avec les superbes "Deep Dark Truthful Mirror," "God's Comic" et "Let Him Dangle." Son groupe d'instrumentistes surdoués lui donne l'occasion de toucher à tous les genres musicaux auxquels il s'est déjà essayé, ne rechignant devant aucun rock bien salé ni devant un délicieux "Almost Blue" dédié en 1982 à Chet Baker. Un Chet avec qui il a travaillé et chanté, et, si le blues garde sa place favorite, comme sur le "Hidden Shame" qu'il avait destiné à Johnny Cash et dont il a donné une version très prenante, il n'hésite pas à se laisser bercer par des atmosphères jazzy qui lui vont à ravir. Quand il reprend "The Very Thought of You," le titre de Ray Noble qu'a justement repris récemment Natalie Cole dans l'hommage à son père, qui en avait donné une interprétation inoubliable, il touche à la perfection. Sa voix plaintive s'y prête à merveille, et on aimerait parfois qu'il soit moins avare de ses perles préservées du temps.

Car un concert de Costello est quelque chose de très éprouvant, il n'est pas du genre à faire plaisir à son public en alignant slows sur ballades mais aime dessiner des pleins et des déliés avec ce qu'il appelle lui-même quelques minutes de folie et de violence. Même que cela ne plaît pas toujours à tout le monde, comme ces spectateurs qui lui crient de faire moins de bruit et de baisser le volume sonore. Réaction de l'irascible Irlandais de souche: il fait signe et mine de partir avant de revenir lancer dans le micro: S'il y a quelqu'un qui veut prendre notre place...

Mais ce petit incident n'entamera en rien l'accueil fait par l'ensemble du public qui, en deuxième partie, sera déchaîné au point de danser dans la salle confortable du Congresgebouw qui ne doit pas avoir l'habitude de tels débordements. Le courage et le bon goût de ce même public seront d'ailleurs récompensés par un final enchanteur avec "Alison" et "Pump It Up," les «tubes» de ses débuts en 1977-1978.

Elvis a beau vouloir faire peur avec sa barbe et ses longs cheveux, il peut se faire câlin, que ce soit au piano ou à la guitare acoustique, et devenir le plus tendre des hommes. Ceci dit entre parenthèses, il faudrait un jour analyser les raisons qui ont poussé des artistes comme McCartney, Lennon, Jagger, Morrison ou Bono, à se laisser pousser à un moment donné une si hideuse barbe. Pour se cacher de quoi? "Hidden Shame," dites-vous monsieur MacManus?...

Mais ce n'est là que détails, Costello a livré un concert très fort, consolidé par un groupe très impressionnant, que ce soit Ribot à la guitare blues omniprésente, Knechtel à la basse chantante, Scheff à l'orgue Hammond ambianceur ou Thomas au jeu de batterie très varié.

Reste à savoir combien de temps la Belgique devra encore attendre pour pouvoir apprécier dans de bonnes conditions, c'est-à-dire dans une salle bourgeoise, l'immense talent de M. Costello...


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Le Soir, July 24, 1991


Thierry Coljon reviews Elvis Costello and The Rude 5, Monday, July 22, 1991, De Doelen, Rotterdam, Netherlands.


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