Maintenant, je me risque à poser cette question le monde serait-il le même sans Elvis Costello? Sans ses disques éblouis de passions protéiformes, ses concerts où déci-dément il se passe toujours quelque chose, ses interviews diablement intelligentes ?
A l'instant où l'on est contraint d'ad-mettre que plus rien n'est parfait, dans le rock et ailleurs, que la grâce nous a bel et bien abandonnés, le petit homme à lunettes nous retient encore avec cette chose indéfinis-sable que l'on appelle la Qualité. Et que serait un monde sans Qualité ? Ce serait un monde sans poésie, sans humour, sans distinction entre le beau et le laid, sans peinture, ni musique. sans match de football, sans quenelles de brochet sauce Nantua. sans cinéma. Un monde où il n'y aurait plus de concerts de rock mais toujours autant de videurs pour fracasser les crânes avec amour. Un monde où tout le monde porterait des brodequins militaires. Ce monde sans Qualité ressemblerait étonnam-ment à un certain nombre de sociétés décrites par quelques écrivains vi-sionnaires. Aldous Huxley dans « Le Meilleur Des Mondes », George Or-well dans « 1984 n. Kafka, Stanislas Lem...
Un monde où keit valide de Jean-Marie Le Pen vous observerait à chaque coin de rue. Quand on retire la Qualité, on trouve un monde mo-rose. Un monde sans Elvis Costello? Vous n'y pensez pas...
— Tu n'as jamais donné de titre plus explicite à tes albums que ce « Good-bye Cruel World » (« Adieu Monde Cruel ») ?
ElvisCostello: Ne prenez pas cela de façon trop systématique. C'est un peu « tongue in cheek ». Il faut pana-cher ça avec un peu d'humour.
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