Best, March 1984: Difference between revisions

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'''Depuis 1977, à chaque année son Costello modèle. Elvis country ou Elvis pour tous, mais toujours la touche philosophale du dernier des grands alchimistes. Elvis golden records. Par François Ducray.  
'''Depuis 1977, à chaque année son Costello modèle. Elvis country ou Elvis pour tous, mais toujours la touche philosophale du dernier des grands alchimistes. Elvis golden records. Par François Ducray.  
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1 ''My Aim Is True''
1977. Ça passe ou ça casse.  En Angleterre, les punks se ruent sur la musique, le rock tout estourbi se retrouve dans la rue, on y danse avec violence et les extravagances y prennent a nouveau le pouvoir.  Parmi elles, cette race écrabouillée depuis la fin des swinging sixties, les song-writers — performers, ces auteurs, compositeurs-hommes orchestres qui font les délices des périodes chaudes.  Les délices, mais pas le terreau; Ian Dury et Elvis Costello ont éclaté parce que les temps les portaient, et non le contraire. Le premier fit un tabac avec son pied-bot, son humour décapant et sa gouaille populaire ambitieuse.  Le second portrait l’ingratitude a un degré d’incandescence inconnu depuis Gene Vincent.  Dury allait s’imposer en trois tubes drolatiques et virulents.  Costello inoculer quelque chose de prime abord indicible aux alentours des charts: la rage et l’intelligence parfaitement accouplées, une rage d'être mal et une intelligence de vouloir tout.  Par sensations, verbe et musique interposés.
Et quels donc! “''My Aim Is True''” fait un sacré morceau de disque pétard, et encore maintenant, on se demande bien par quel avatar notre jeune homme trouva acquéreur et partenaires: mais Stiff osait tout avec astuce, Nick Lowe, savait s’organiser et les éclopés des Clover (groupe country-blues londonien) n’avaient plus rien à perdre.  Les douze titres font la part belle aux guitares, et de fait un certain style de rock anglais bien trempé de blues tente de s’imposer.  Seulement voilà, même bluesy, Costello regagne en acidité, et son jeu à lui est si pète-sec, si brutal qu’on est d'emblée projeté à l'opposé d’un pub-rock hilaire et paillard.   
Car cet Elvis-la, a peine vingt et un ans, racle a fond les tiroirs pleins de la fureur et de la frustration. “Less Than Zero” et “I’m Not Angry” tiennent encore la route six ans après, et dans le genre acné, c’est tout dire (au vrai, un très efficace portrait pour éclats à venir, et “Alison”, au-delà de sa redoutable suavité, crève l'écran des nuits suantes et désespérées grâce à la puissance d’exigence qu’il contient.  Linda Ronstadt tentera de s’en faire un lifting, mais la pauvrette, en dépit de sa belle voix, ne trouvera jamais le pourquoi de celle de son auteur; rage et intelligence, disais-je, mais appel radical a l’amour, ce truc pourri qu’en 77, on n’encaissait qu’en cherchant le coups. 
2 ''This Year's Model''
Un an plus tard, les thèmes obsessionnels de Costello, loin de s’estomper dans une maturation de bon  aloi, s’affinent et percent tout ce qu’ils visent. «''This Year’s Model''» est un festival de la vengeance personnelle tous azimuts, mais un festival particulièrement consistant, et percutant. A cause des textes, bien sûr (tous enrichis d’un sens de l’image qui accroche le défaut, le déboire, la lâcheté surtout, à l’aide de phrases épingles pas entendues depuis le Dylan sanguinaire de «Positively Fourth Street»), qu’on pourrait caractériser globalement d’anti-poesie à la façon des scenarii hyper-précis et touchants de Dashiell Hammett: plus renfrogné et distant qu’aucun de ses prétendus contemporains, Elvis Costello invente un langage concis et porteur proper à découper tous les clichés au chalumeau de son infini volontarisme.
Et vian, le voilà qui décoche trois hits énormes en Angleterre, fast dédaigneux dont il ne retrouvera plus la trace avant longtemps, pour cause, entre autres, d’irritation des media institutionnels (copieusement insultés dans “Radio Radio”, hélas absent de l’album français): “Watching The Detectives”, “Pump It Up” et “Chelsea”, vont même traverser les mers pour réveler l’iconoclaste binoclard aux masses américaines et européennes, lesquelles ne comprennent pas immédiatement leur douleur, et les quiproquos qui s’ensuivent n’arrangeront évidemment rien.
Mais l’heure est a la gloire. Musicalement, surtout. Après le sortie de “''My Aim Is True''”, Elvis s’est degotté un groupe à la mesure de sa ….? <br>''text needed''
... d’un nom dérisoire d’Attractions: deux têtes de batraciens, une de dentiste. Avec leur leader, ca fait un joli quarteron d’abominables et fiers de l’être. Mais les Attractions, on va le déguster, sont bien autre chose qu le fair-valoir instrumental d’un petit maître. Ils vont s’avérer ses indissociables stimulants, ses farouches relanceurs, ses pairs dans le déchiffrage et la trouvaille. Steve Nieve essentiellement, sans doute le secoueur de claviers le plus inventif depuis Little Richard (et il est tout aussi cinglé!). Quant à Bruce et Pete Thomas, respectivement pourvoyeurs de tonnerre à la basse et à la batterie, on s’interroge tout bonnement: qui ne savent-ils pas accomplir? En tout cas, le meilleur orchestra à l’Est du E Street Band (ou des Ramones, seion les goûts), le plus souple et solide, le plus stupéfiant dans son alchimie, allez, depuis les Beatles.
“''T.Y.M.''” est le premier de leurs méfaits, leur plus primesautier, un disque à la pêche totalement intacte.
3 ''Armed Forces''
Aïe ! L’album à problèmes. De toutes sortes. De pochette pour commencer: celles de Costello ne laissent jamais rien au hasard. Elles doivent naturellement imager le contenu, mais aussi le précéder par une ouverture sur l’imaginaire. D’agressifs barbouillages façon Bazooka déplurent à CBS, la major compagnie américaine résolue à enfourcer l’ènergumène, et un superbe troupeau d’éléphants servit de compromis. Problème de titre, ensuite. Censé, lui, situer l’enjeu: d’ ”''Emotional Fascism''” (indiscutablement frappeur) il fallut se rabattre sur “Armed Forces”, sujet à caution.
Et puis problèmes existentiels révélateurs: Elvis marne dans sa rebellion à spirales, et c’est contre lui qu’elle mord à present. Non content d’être magnifiquement cruel, le propos du disque en devient masochiste et paranoïaque. Le tout bien sûr dans une manière de grandeur mélodique et orchestrale tellement terrassante qu’on ressort des écoutes à fois bouleux ...''text needed''
... tés audacieuses des Attractions, à l’intensité vocale d’Elvis, a la brilliance des harmonies, à la puissance du son. Ecrasé par la noirceur, l’opacité  des perspectives tout est pipe dans la vie, la guerre est le seul jeu, race contre race, classe contre classe, sexe contre sexe. 
Costello s’arrache les tripes pour ne conclure qu’à ça, à quoi il ne nous avait pas entrainés : aucune issue possible, ça ne vaut même pas la peine de tenter quoi ce soit. Le gouffre.
Il admet aujourd’hui avoir un tantinet perdu la boule cette année-là, coincé entre diverses expériences affectives plutôt blessantes, et une pression du bizness proche de la haine. Curieux, on croit reconnaitre là les crises fameuses (et pas tristes, en ce qui nous concerne, quant aux résultats) de ses illustres prédécesseurs, les Dylan, Ray Davies (E.C. est un Kinks’fan et ça s’entend!), Lou Reed, solitaires quasi-dèitiés à mi-chemin entre l’innocence et l’auto-destruction. 
N’empêche, “''Armed Forces''” fait un disque dont l’extraordinaire tension libérera bientôt de fulgurantes forces créatices.  Et il est, encore, bien beau en lui-même. Gavez-vous de “Chemistry Class”, “Accidents Will Happen” (dernier hit avant “Everyday I Write The Book”), et de “Love, Peace and Understanding”, cadeau de Nick Lowe éberlué à son si précieux poulaine, et dans lequel on discerne avec surprise une citation irrévérencieuse d’un futur martyr, probablement jugé collègue en vision, Lennon.  Ah! et Steve Nieve bondit de merveille en merveille, unique touche lumineuse de ce sombre chef-d’œuvre.
4 ''Get Happy!!''
Vengeance again: E.C. impose ses volontés sur toute la ligne. En échange :  compagnies et media se détournent tout à fait de lui. Pensez : voila un tordu si indécrottable qu’il aligne vingt titres sur une seule rondelle, avec une pochette a décourager le plus pieux des fans, et dans un capharnaüm  d’ambiances à peu près digne de la piqure ultime. Peut-être. Hum. " ''Get Happy !!'' ", faut l’oser, après les déluges d’amertume qui bloquaient Elvis comme les petits cailloux d’éloquence muette de Démosthène. Seulement notre homme a ses méthodes : cyclothymique ancre et volontariste notoire, il vire a 180° sans un remord, et si tout auditeur attentif reste désorienté, tant mieux, c’est rude loi des précurseurs.
" ''Get Happy'' " ne fera de carton nulle part, et donc pas en Angleterre ou l’affaire tourne a la déroute (Mick Jones de Clash, se permettra le ridicule de traiter Costello de " pantin réactionnaire "), mais demeure un formidable bouquet d’ouverture musicale et ''...text needed ...''  de satilité des Attractions, leur époustouflante capacite d’adaptation aux genres visites, puisqu’il s’agit bien la d’une promenade a travers presque tous les genres de, disons, pop-music, noire ou blanche, d’obédience européenne ou américaine d’une décennie ou d’un autre. En fait,, bien que pas vraiment rigolo " ''Get Happy !!'' " accouche d’une drôle de thérapie. De quoi s’aperçoit-on en 1980 ? D’une déconfiture plus lente, plus pesante, plus résistante que prévu des bastions contre qui les punks étaient partis se briser en une vague et un ressac  déprimants : n’émergent plus de la tourmente que des grandes gueules (Strummer), des provocateurs (Rotten), des " artistes " (Joe Jackson, Graham Parker), une foultitude de faiseurs et les brasseurs de culture. Ces derniers, de Madness a Talking Heads, de The Beat a Lili Drop ou Starshooter (eh oui, et dommage, grand dommage…), apportent un souffle de liberté, de plaisir et de chatoyance à un genre qu’on croyait définitivement perdu, la pop.
Et de ca, Costello a une connaissance non seulement encyclopédique, mais surtout un amour transi. C’est un type qui écoutée du Goffin-King le matin et vous en pond un pastiche et mélange dans l’après-midi. Il peut vous décliner tous les hauts-commandements de Tamla-Motown, et restituer en un refrain l’atmosphère d’un vaudeville populaire des forties. Et on ne lui apprendra pas grand-chose sur l’unique génie de Buddy Holly ''...text needed ...''  tous ces gens qui surent, d’une ritournelle d’un feeling, d’une histoire tirer ce suc de simple et forte jouissance dont on manquait si dramatiquement a l’orée des 80’s. En substance, s’il y a réellement de quoi s’inquiéter, a quoi réfléchir, pour quoi s’armer, ce n’est certainement pas en ne chantant, en ne dansant plus qu’on se fouettera le sangs…
J’allais oublier un léger détail : vingt chansons, certes, mais pas rien que vingt idées. Plutôt vingt par vingt. Suivez le guide, elles frétillent toutes encore.
5 ''Taking Liberties''
6 ''Trust''
7 ''Almost Blue''
8 ''Imperial Bedroom''
9 ''Punch The Clock''


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==External links==
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Haute fidelite


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   François Ducray

Depuis 1977, à chaque année son Costello modèle. Elvis country ou Elvis pour tous, mais toujours la touche philosophale du dernier des grands alchimistes. Elvis golden records. Par François Ducray.

1 My Aim Is True

1977. Ça passe ou ça casse. En Angleterre, les punks se ruent sur la musique, le rock tout estourbi se retrouve dans la rue, on y danse avec violence et les extravagances y prennent a nouveau le pouvoir. Parmi elles, cette race écrabouillée depuis la fin des swinging sixties, les song-writers — performers, ces auteurs, compositeurs-hommes orchestres qui font les délices des périodes chaudes. Les délices, mais pas le terreau; Ian Dury et Elvis Costello ont éclaté parce que les temps les portaient, et non le contraire. Le premier fit un tabac avec son pied-bot, son humour décapant et sa gouaille populaire ambitieuse. Le second portrait l’ingratitude a un degré d’incandescence inconnu depuis Gene Vincent. Dury allait s’imposer en trois tubes drolatiques et virulents. Costello inoculer quelque chose de prime abord indicible aux alentours des charts: la rage et l’intelligence parfaitement accouplées, une rage d'être mal et une intelligence de vouloir tout. Par sensations, verbe et musique interposés.

Et quels donc! “My Aim Is True” fait un sacré morceau de disque pétard, et encore maintenant, on se demande bien par quel avatar notre jeune homme trouva acquéreur et partenaires: mais Stiff osait tout avec astuce, Nick Lowe, savait s’organiser et les éclopés des Clover (groupe country-blues londonien) n’avaient plus rien à perdre. Les douze titres font la part belle aux guitares, et de fait un certain style de rock anglais bien trempé de blues tente de s’imposer. Seulement voilà, même bluesy, Costello regagne en acidité, et son jeu à lui est si pète-sec, si brutal qu’on est d'emblée projeté à l'opposé d’un pub-rock hilaire et paillard.

Car cet Elvis-la, a peine vingt et un ans, racle a fond les tiroirs pleins de la fureur et de la frustration. “Less Than Zero” et “I’m Not Angry” tiennent encore la route six ans après, et dans le genre acné, c’est tout dire (au vrai, un très efficace portrait pour éclats à venir, et “Alison”, au-delà de sa redoutable suavité, crève l'écran des nuits suantes et désespérées grâce à la puissance d’exigence qu’il contient. Linda Ronstadt tentera de s’en faire un lifting, mais la pauvrette, en dépit de sa belle voix, ne trouvera jamais le pourquoi de celle de son auteur; rage et intelligence, disais-je, mais appel radical a l’amour, ce truc pourri qu’en 77, on n’encaissait qu’en cherchant le coups.

2 This Year's Model

Un an plus tard, les thèmes obsessionnels de Costello, loin de s’estomper dans une maturation de bon aloi, s’affinent et percent tout ce qu’ils visent. «This Year’s Model» est un festival de la vengeance personnelle tous azimuts, mais un festival particulièrement consistant, et percutant. A cause des textes, bien sûr (tous enrichis d’un sens de l’image qui accroche le défaut, le déboire, la lâcheté surtout, à l’aide de phrases épingles pas entendues depuis le Dylan sanguinaire de «Positively Fourth Street»), qu’on pourrait caractériser globalement d’anti-poesie à la façon des scenarii hyper-précis et touchants de Dashiell Hammett: plus renfrogné et distant qu’aucun de ses prétendus contemporains, Elvis Costello invente un langage concis et porteur proper à découper tous les clichés au chalumeau de son infini volontarisme.

Et vian, le voilà qui décoche trois hits énormes en Angleterre, fast dédaigneux dont il ne retrouvera plus la trace avant longtemps, pour cause, entre autres, d’irritation des media institutionnels (copieusement insultés dans “Radio Radio”, hélas absent de l’album français): “Watching The Detectives”, “Pump It Up” et “Chelsea”, vont même traverser les mers pour réveler l’iconoclaste binoclard aux masses américaines et européennes, lesquelles ne comprennent pas immédiatement leur douleur, et les quiproquos qui s’ensuivent n’arrangeront évidemment rien.

Mais l’heure est a la gloire. Musicalement, surtout. Après le sortie de “My Aim Is True”, Elvis s’est degotté un groupe à la mesure de sa ….?
text needed

... d’un nom dérisoire d’Attractions: deux têtes de batraciens, une de dentiste. Avec leur leader, ca fait un joli quarteron d’abominables et fiers de l’être. Mais les Attractions, on va le déguster, sont bien autre chose qu le fair-valoir instrumental d’un petit maître. Ils vont s’avérer ses indissociables stimulants, ses farouches relanceurs, ses pairs dans le déchiffrage et la trouvaille. Steve Nieve essentiellement, sans doute le secoueur de claviers le plus inventif depuis Little Richard (et il est tout aussi cinglé!). Quant à Bruce et Pete Thomas, respectivement pourvoyeurs de tonnerre à la basse et à la batterie, on s’interroge tout bonnement: qui ne savent-ils pas accomplir? En tout cas, le meilleur orchestra à l’Est du E Street Band (ou des Ramones, seion les goûts), le plus souple et solide, le plus stupéfiant dans son alchimie, allez, depuis les Beatles.

T.Y.M.” est le premier de leurs méfaits, leur plus primesautier, un disque à la pêche totalement intacte.

3 Armed Forces

Aïe ! L’album à problèmes. De toutes sortes. De pochette pour commencer: celles de Costello ne laissent jamais rien au hasard. Elles doivent naturellement imager le contenu, mais aussi le précéder par une ouverture sur l’imaginaire. D’agressifs barbouillages façon Bazooka déplurent à CBS, la major compagnie américaine résolue à enfourcer l’ènergumène, et un superbe troupeau d’éléphants servit de compromis. Problème de titre, ensuite. Censé, lui, situer l’enjeu: d’ ”Emotional Fascism” (indiscutablement frappeur) il fallut se rabattre sur “Armed Forces”, sujet à caution.

Et puis problèmes existentiels révélateurs: Elvis marne dans sa rebellion à spirales, et c’est contre lui qu’elle mord à present. Non content d’être magnifiquement cruel, le propos du disque en devient masochiste et paranoïaque. Le tout bien sûr dans une manière de grandeur mélodique et orchestrale tellement terrassante qu’on ressort des écoutes à fois bouleux ...text needed ... tés audacieuses des Attractions, à l’intensité vocale d’Elvis, a la brilliance des harmonies, à la puissance du son. Ecrasé par la noirceur, l’opacité des perspectives tout est pipe dans la vie, la guerre est le seul jeu, race contre race, classe contre classe, sexe contre sexe. Costello s’arrache les tripes pour ne conclure qu’à ça, à quoi il ne nous avait pas entrainés : aucune issue possible, ça ne vaut même pas la peine de tenter quoi ce soit. Le gouffre.

Il admet aujourd’hui avoir un tantinet perdu la boule cette année-là, coincé entre diverses expériences affectives plutôt blessantes, et une pression du bizness proche de la haine. Curieux, on croit reconnaitre là les crises fameuses (et pas tristes, en ce qui nous concerne, quant aux résultats) de ses illustres prédécesseurs, les Dylan, Ray Davies (E.C. est un Kinks’fan et ça s’entend!), Lou Reed, solitaires quasi-dèitiés à mi-chemin entre l’innocence et l’auto-destruction.

N’empêche, “Armed Forces” fait un disque dont l’extraordinaire tension libérera bientôt de fulgurantes forces créatices. Et il est, encore, bien beau en lui-même. Gavez-vous de “Chemistry Class”, “Accidents Will Happen” (dernier hit avant “Everyday I Write The Book”), et de “Love, Peace and Understanding”, cadeau de Nick Lowe éberlué à son si précieux poulaine, et dans lequel on discerne avec surprise une citation irrévérencieuse d’un futur martyr, probablement jugé collègue en vision, Lennon. Ah! et Steve Nieve bondit de merveille en merveille, unique touche lumineuse de ce sombre chef-d’œuvre.

4 Get Happy!!

Vengeance again: E.C. impose ses volontés sur toute la ligne. En échange : compagnies et media se détournent tout à fait de lui. Pensez : voila un tordu si indécrottable qu’il aligne vingt titres sur une seule rondelle, avec une pochette a décourager le plus pieux des fans, et dans un capharnaüm d’ambiances à peu près digne de la piqure ultime. Peut-être. Hum. " Get Happy !! ", faut l’oser, après les déluges d’amertume qui bloquaient Elvis comme les petits cailloux d’éloquence muette de Démosthène. Seulement notre homme a ses méthodes : cyclothymique ancre et volontariste notoire, il vire a 180° sans un remord, et si tout auditeur attentif reste désorienté, tant mieux, c’est rude loi des précurseurs. " Get Happy " ne fera de carton nulle part, et donc pas en Angleterre ou l’affaire tourne a la déroute (Mick Jones de Clash, se permettra le ridicule de traiter Costello de " pantin réactionnaire "), mais demeure un formidable bouquet d’ouverture musicale et ...text needed ... de satilité des Attractions, leur époustouflante capacite d’adaptation aux genres visites, puisqu’il s’agit bien la d’une promenade a travers presque tous les genres de, disons, pop-music, noire ou blanche, d’obédience européenne ou américaine d’une décennie ou d’un autre. En fait,, bien que pas vraiment rigolo " Get Happy !! " accouche d’une drôle de thérapie. De quoi s’aperçoit-on en 1980 ? D’une déconfiture plus lente, plus pesante, plus résistante que prévu des bastions contre qui les punks étaient partis se briser en une vague et un ressac déprimants : n’émergent plus de la tourmente que des grandes gueules (Strummer), des provocateurs (Rotten), des " artistes " (Joe Jackson, Graham Parker), une foultitude de faiseurs et les brasseurs de culture. Ces derniers, de Madness a Talking Heads, de The Beat a Lili Drop ou Starshooter (eh oui, et dommage, grand dommage…), apportent un souffle de liberté, de plaisir et de chatoyance à un genre qu’on croyait définitivement perdu, la pop.

Et de ca, Costello a une connaissance non seulement encyclopédique, mais surtout un amour transi. C’est un type qui écoutée du Goffin-King le matin et vous en pond un pastiche et mélange dans l’après-midi. Il peut vous décliner tous les hauts-commandements de Tamla-Motown, et restituer en un refrain l’atmosphère d’un vaudeville populaire des forties. Et on ne lui apprendra pas grand-chose sur l’unique génie de Buddy Holly ...text needed ... tous ces gens qui surent, d’une ritournelle d’un feeling, d’une histoire tirer ce suc de simple et forte jouissance dont on manquait si dramatiquement a l’orée des 80’s. En substance, s’il y a réellement de quoi s’inquiéter, a quoi réfléchir, pour quoi s’armer, ce n’est certainement pas en ne chantant, en ne dansant plus qu’on se fouettera le sangs…

J’allais oublier un léger détail : vingt chansons, certes, mais pas rien que vingt idées. Plutôt vingt par vingt. Suivez le guide, elles frétillent toutes encore.


5 Taking Liberties

6 Trust

7 Almost Blue

8 Imperial Bedroom

9 Punch The Clock




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Tags:  My Aim Is TrueIan DuryStiff RecordsNick LoweCloverLess Than ZeroI'm Not AngryAlisonLinda RonstadtThis Year's ModelBob DylanRadio, RadioWatching The DetectivesPump It Up(I Don't Want To Go To) ChelseaThe AttractionsSteve NieveLittle RichardBruce ThomasPete ThomasThe E Street BandThe BeatlesArmed ForcesRay DaviesThe KinksLou ReedChemistry ClassAccidents Will HappenEveryday I Write The Book(What's So Funny 'Bout) Peace, Love And Understanding?John Lennon


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Best, No. 188, March 1984


François Ducray profiles Elvis Costello.

Images

pages 70-71
Photos by Jean-Yves Legras.

pages 72-73


pages 74-75
Page scans.


Photos by Jean-Yves Legras.
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Photos by Jean-Yves Legras
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Cover.

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