Best, October 1993: Difference between revisions
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Début 81 paraît "''Trust''", album-pause fait de doutes authentiques, d'échappatoires lumineux et de volte-faces furieuses et fignolées : bonjour Aragon, là (Elsa viendra plus tard..), et, au milieu d'un formalisme nerveux dévoilant une morgue sévèrement battue en brèche, quatre de ses plus formidables chansons ("New Lace Sleeves", "From a Whisper To A Scream", Shot Whit His Own Gun", et "Big Sister's Clothes"). Célèbre et bousculé mais paumé, exsangue et vexé (il s'accusera "modestement" d'avoir gâché "son" occase de catharsis à la "John Wesley Harding"!), Costello tourne son regard né dans les Midlands grisâtres vers le lieu d'un des mythes qui le hantent: sa science encylopédique et maboule de toutes les musiques populaires lui dicte de prendre les eaux à la source Country. Le problème, c'est qu'il révère autant [[Gram Parsons]] qu'Hank Williams et qu'inversement, Music City va l'accueillier avec le goudron et les plumes des eighties: un mépris amusé et tout juste poli. Il espérait croiser les légendes vivantes de Nashville mais devra se contenter d'un duo avec [[George Jones]] sur sa composition "Stranger In The House", que le Papy Troué reléguera sur une compile nécessiteuse, et d'enregistrer sous la houlette glorieuse de Billy Sherrill la tiède collection de standards sans étincelle ni conséquence initulée "''Almost Blue''". Un coup presque pour rien dans le bleu pâle ... pourquoi pas, juste derrière, un saut sur la Tour de Babel? Au travers de "''Imperial Bedroom''", album "produit par Geoff Emerick sur une idée originale d'Elvis Costello", c'est "Abbey Road" qu'il visite en catimini comme un (tur)Lupin s'insinuant la nuit dans la plus haute salle du Louvre. "Abbey Road" ou le rêve évanoui, Belphégor en cendres, la navire amiral de l'Harmonie échoué sur les sables miniscules des vanités humaines: Paul et les violons ? Pas encore: "''Imperial Bedroom''" reste une ode ambitieuse aux désepoirs assumés, aux amertumes refoulées, aux trahisons dédaignées, vécus par un type qui situe tout cela dans sa galaxie de fan dont le sujet de culte, disque après disque, s'oriente enfin vers soi. Ecoutez "Man Out Of Time", "Beyond Belief" ou "Shabby Doll", écoutez ces bruits d'immersion inéluctable et lente dans l'idée que Costello se fait de SA musique ... Après ça, la Pop Star Crispante ne perdra plus jamais son temps en vulgaires crises de crédibilité; elle va traverser les eighties en s'amusant et en musardant, aux frais des autres et aux siens. En commençant par deux albums d'abord plus facile, les manettes en étant confiées à une paire d'orfèvres assez décontenancés (Winstanley et Langer s'occupaient de Madness, ce qui n'empêchera pas le second de composer la partition de "Shipbuilding", dont Costello ne saura pas défendre ses propres mots pourtant sublimes face à l'émotion brute d'un jet de trompette de Chet Baker, et dont Robert Wyatt fera mine de rien le plus belle chanson-anti-guerre de ces temps avachis). "''Punch The Clock''" a du swing à revendre, un hit ciselé Sinatra Forties ("Everyday I Write The Book", tiens...) et des Attractions le coeur à leur affaire. | Début 81 paraît "''Trust''", album-pause fait de doutes authentiques, d'échappatoires lumineux et de volte-faces furieuses et fignolées : bonjour Aragon, là (Elsa viendra plus tard..), et, au milieu d'un formalisme nerveux dévoilant une morgue sévèrement battue en brèche, quatre de ses plus formidables chansons ("New Lace Sleeves", "From a Whisper To A Scream", Shot Whit His Own Gun", et "Big Sister's Clothes"). Célèbre et bousculé mais paumé, exsangue et vexé (il s'accusera "modestement" d'avoir gâché "son" occase de catharsis à la "John Wesley Harding"!), Costello tourne son regard né dans les Midlands grisâtres vers le lieu d'un des mythes qui le hantent: sa science encylopédique et maboule de toutes les musiques populaires lui dicte de prendre les eaux à la source Country. Le problème, c'est qu'il révère autant [[Gram Parsons]] qu'Hank Williams et qu'inversement, Music City va l'accueillier avec le goudron et les plumes des eighties: un mépris amusé et tout juste poli. Il espérait croiser les légendes vivantes de Nashville mais devra se contenter d'un duo avec [[George Jones]] sur sa composition "Stranger In The House", que le Papy Troué reléguera sur une compile nécessiteuse, et d'enregistrer sous la houlette glorieuse de Billy Sherrill la tiède collection de standards sans étincelle ni conséquence initulée "''Almost Blue''". Un coup presque pour rien dans le bleu pâle ... pourquoi pas, juste derrière, un saut sur la Tour de Babel? Au travers de "''Imperial Bedroom''", album "produit par Geoff Emerick sur une idée originale d'Elvis Costello", c'est "Abbey Road" qu'il visite en catimini comme un (tur)Lupin s'insinuant la nuit dans la plus haute salle du Louvre. "Abbey Road" ou le rêve évanoui, Belphégor en cendres, la navire amiral de l'Harmonie échoué sur les sables miniscules des vanités humaines: Paul et les violons ? Pas encore: "''Imperial Bedroom''" reste une ode ambitieuse aux désepoirs assumés, aux amertumes refoulées, aux trahisons dédaignées, vécus par un type qui situe tout cela dans sa galaxie de fan dont le sujet de culte, disque après disque, s'oriente enfin vers soi. Ecoutez "Man Out Of Time", "Beyond Belief" ou "Shabby Doll", écoutez ces bruits d'immersion inéluctable et lente dans l'idée que Costello se fait de SA musique ... Après ça, la Pop Star Crispante ne perdra plus jamais son temps en vulgaires crises de crédibilité; elle va traverser les eighties en s'amusant et en musardant, aux frais des autres et aux siens. En commençant par deux albums d'abord plus facile, les manettes en étant confiées à une paire d'orfèvres assez décontenancés (Winstanley et Langer s'occupaient de Madness, ce qui n'empêchera pas le second de composer la partition de "Shipbuilding", dont Costello ne saura pas défendre ses propres mots pourtant sublimes face à l'émotion brute d'un jet de trompette de Chet Baker, et dont Robert Wyatt fera mine de rien le plus belle chanson-anti-guerre de ces temps avachis). "''Punch The Clock''" a du swing à revendre, un hit ciselé Sinatra Forties ("Everyday I Write The Book", tiens...) et des Attractions le coeur à leur affaire. | ||
"''Goodbye Cruel world''" manque de tout cela plus d'humour, et c'est encore une fois un heros de l'Elvis qui sauvera bien plus tard la seule "vraie" chanson de l'album ("[[The Comedians]]", veritable costume de scene offert a Roy Orbison, lequel tiera practiquement sa réverence avec). | |||
En 85 , silence radio. Costello produit [[The Pogues|les Pogues]], seduit leur bassiste [[Cait O'Riordan]] (qu'il épousera bientöt et déclarera "indicible"... est-ce ainsi que les hommes vivent ?) et s' embarque pour la Californie sous son patronyme chérement révélé de Declan Patrick Aloysius MacManus. Lå, il revet sans complexes les oripeaux d'un WC Fields qui se donnerait pour mission d' explorer la culture américaine avec la caméra d'Orson Welles : tout å l'envers, toujours délibérément ! Et "''King Of America''" n'en pätira que commercialement : peu de gens goûteront cet immense patch-work de plans séquence Oû l'anecdote vient détourner les grands espaces de leur destin polychrome. Les musiciens, quatorze fois sur quinze, sont des mastodontes tricoteurs de subtilités dont la principale raison d'étre lå n'est pas la rupture avec les Attractions, mais le fait va s'imposer en deux temps : primo, "''King Of America''" , échec financier, remplit son artiste de fierté légitime; secundo, l'artiste a Vite le mal de mer : rien de tel que son Vieil équipage pour renouer avec le plancher des vaches ! Alors on le rappelle ainsi que Nick Lowe et on se la joue garage, gorge arrachée et la tripaille au vent, histoire de rattraper... Quoi ? Les aficionados de la Costelle ne peuvent qu'adorer "''Blood And Chocolate''" : c'est une descente en piqué. Mais davantage la cave qu'en enfer, et de toute facon, c'est une impasse. Le rock de notre homme y restera en flaque dans un coin, avec quelques fantömes réels et regrets inutiles pour témoins. | |||
Adieu fracas, la vie désormais est ailleurs... 89 s' achéve. Elvis Costello est un artiste comblé : il s'est acquis, de par le vaste monde, un public enthousiaste, complice et prét tout; il a fondé avec son manager Jake Riviera un label, Demon Records, sur lequel réapparaissent en CD tous ses disques et sortent ses précieuses compilations (cf encadré); il vient de signer, avantageusement, sur Warner pour les nouveaux; il est devenu partenaire d'écriture de Paul McCartney : « On vient du méme bled (Liverpool), on a les mémes racines (I'lrlande). » De fait, les deux Mac vont signer ensemble une dizaine de titres (quatre finiront chez Manus, six chez Cartney) et filer sur trois ans un étrange parallélisme : deux albums de pop cossue et un plus ou moins proto-classique chacun. Mais la comparaison s'arrétera sans doute la (sans parler du reste) : car si "''Spike''" et "''Mighty Like A Rose''" ajoutent deux substantiels et fort intéressants chapitres l' oeuvre costellienne (textes souvent éblouissants, compositions fouineuses, combinaisons d'arrangements et de musiciens audacieuses ou inédites : la routine, quoi, le moins qu'on puisse attendre de lui avec de gros moyens, du temps et ce caractére griffus... Merci quand méme pour "[[Hurry Down Doomsday (The Bugs Are Taking Over)|Hurry Down Doomsday]]" !), c'est le pas franchi par "''The Juliet Letters''" qui compte vraiment. Et commence à raconter, autrement, une autre histoire. Pour l'instant, elle ressemble encore à une portée de notes en forme de points d 'interrogations et à une voix familiére qui n' a pas l'air de badiner : aprés tout, n'est-ce pas l'essentiel de ce qu'on redoute et qu'on espére ? . | |||
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'''Napo l'impo et les frangins masqués...''' | |||
Outre son savoir musical tous azimuts digne d'une Tres Grande Discotheque, le Grincheux presente la particularité de se régaler d'une foule de perversions annexes : faces B tordues, singles rares et surtout ieux de pseudonymes, bref, tout le kit du collectionneur grave. Ces faces B, ces singles et ces pseudos, l'ére du CD ne pouvait en rattraper un maximum qu'en les compilant par période ou par théme. Costello et Demon Rec. ont choisi les périodes : celle des origines a 80 est "couverte" par "''Ten Bloody Marys & Ten How's Your Fathers''", celle de 81 a 87 par "''Out Of Our Idiot''" (Flaubert vu par son double sartrien ?), deux des albums les plus indispensables. Le 'Best Of E.C." de 85 n'apporte pas grand-chose, mais le double " ''Girls +£+ Girls= $&Girls''" reste un must pour fans grands et petits. Quant-aux facéties cagoulées, contentons-nous de quelques perles : [[The Imposter (pseudonym)|The Imposter]], [[Napoleon Dynamite]], The Beloved Entertainer, [[The Emotional Toothpaste]], [[The Coward Brothers]] (avec son compere [[T-Bone Burnett|T.Bone Burnett]])... et ne cherchons surtout pas a deviner lequel d'entre eux a bien pu fourguer ses vieux brouillons la Transvision Vamp borgne et déchue, [[Wendy James]]... | |||
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Revision as of 17:07, 14 September 2016
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