Sur la pochette grisätre de North, son nouvel album, Elvis Costello, l'Anglais au look de professeur branche, marche sous la pluie, vêtu d'un long manteau cachant à peine son costume. Une chose est donc claire: le crooner est de retour. Le Costello intimiste et fan de jazz, l'Elvis qui a enregistré aux cótés du Brodsky Quartet, de Tony Bennett, de Burt Bacharach et d'Anne Sofie von Otter. Si l'année dernière il avait choisi de rebrancher sa guitare pour sortir un album électrique (When I Was Cruel) renouant avec le rock de ses débuts son premier album a été pressé en pleine période punk - il a une nouvelle fois opté pour un opus distingué enregistré pour le compte du prestigieux label Deutsche Grammophon.
Tout commence par une intro de cordes mélancoliques, bientôt relayées par un piano feutré. "Tu m'as laissé seul, alors que je pen sais que nous ne pouvions être séparés", assène alors un Costello tout droit sorti d'un piano-bar. Le ton est donné. Sur North, il sera beaucoup question de relation amoureuse et de ballades jazzy. Et quelles ballades! Des airs à vous donner des frissons
Quand il se la joue crooner, Cos tello a la classe des tout grands, des Américains. A inverse de Robbie Williams qui, sur son album swing semblait plus s'amuser qu'autre chose, il vit sa musique, nous fait vibrer avec des arrangements minimalistes mais furieusement sensuels. Surtout, sa voix est de loin plus intéressante lorsqu'elle susurre plus qu'elle ne chante. Cet Elvis-là est aussi un King. Ce qu'il montre sur un DVD offert dans l'édition limitée de North.
Seul face à un piano en ruine couvert de feuilles mortes, il nous offre trois morceaux, dont North, titre éponyme de l'album mais ne figurant pas sur celui-cil "Le morceau le plus personnel que j'ai jamais écrits", prévient l'artiste. Et on en redemande. Cet album-là, on n'est pas près de le laisser trainer sous une pile poussiéreuse.
Elvis Costello, North, Deutsche Grammophon, dist Universal
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