Geneva Temps, July 15, 2010: Difference between revisions

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Plaindre les hagiographes qui se pencheront un jour sur le cas Costello, cela tient du plus petit acte de compassion dont on peut faire preuve. Comment cerner et définir ce personnage truculent sinon par la descrip-tion de ce qu'il n'a pas été dans sa longue carrière? On a connu le Londonien en rockeur saillant, capable de frôler le punk et la new wave avec un goût de la distance qui, à s'y méprendre, faisait croire à l'arrogance. Il a été aussi l'homme des projets inattendus (un disque avec le maître or-chestrateur Burt Bacharach), le songwriter des menues histoi-res des gens de rien, le pares-seux qui se tait pour une décen-nie et le louangeur de Momofuku Ando, inventeur des nouilles à la cuisson instanta-née servies dans les gobelets en plastique des campus universi-taires anglo-saxons.  
Plaindre les hagiographes qui se pencheront un jour sur le cas Costello, cela tient du plus petit acte de compassion dont on peut faire preuve. Comment cerner et définir ce personnage truculent sinon par la description de ce qu'il n'a pas été dans sa longue carrière? On a connu le Londonien en rockeur saillant, capable de frôler le punk et la new wave avec un goût de la distance qui, à s'y méprendre, faisait croire à l'arrogance. Il a été aussi l'homme des projets inattendus (un disque avec le maître orchestrateur Burt Bacharach), le songwriter des menues histoires des gens de rien, le paresseux qui se tait pour une décennie et le louangeur de Momofuku Ando, inventeur des nouilles à la cuisson instantanée servies dans les gobelets en plastique des campus universitaires anglo-saxons.  


L'encyclopédique aux éter-nelles montures noires passe aujourd'hui pour le plus impro-bables des chantres de l'Améri-que profonde et sudiste, celle des colons blancs et de leur musique râpeuse et bâtarde. C'est son nouveau dada. A Mon-treux, il est arrivé mardi soir en costard, comme toujours, en borsalino clair et en compagnie de ce que Nashville compte de mieux dans le rayon des «string bands». Pour toucher aux tradi-tions et se frotter au bluegrass et à la country, les experts con-seilleraient Jerry Douglas (do-bro) et Stuart Duncan (fiddle), Jim Lauderdale (guitare et voix) et Jeff Taylor (accordéon). Elvis les a tous. Sur son récent Secret, Profane & Sugarcane et sur la scène du Stravinski. Son album de figurines est complet. Sa musique, elle, est à l'image d'un - bateau qui parcourt sans se presser le Mississippi. Elle avance chaloupée, dépourvue comme elle est d'un véritable préposé aux rythmes. Elle tan-gue par endroits - on devine les musiciens se cherchant mutuel-lement dans l'étendue sans repères - mais ne perd jamais ni le cap ni l'élégance que veut insuffler le maître à bord. Elvis Costello aligne les ballades et les inédits, il glisse son humour caustique entre les notes et reprend les Beatles. Puis, il achève avec son célèbre «Want You» et quitte la salle en roi de cette musique du grand Sud. Un fait, un de plus, pour les hagio-graphes.  
L'encyclopédique aux éternelles montures noires passe aujourd'hui pour le plus improbables des chantres de l'Amérique profonde et sudiste, celle des colons blancs et de leur musique râpeuse et bâtarde. C'est son nouveau dada. A Montreux, il est arrivé mardi soir en costard, comme toujours, en borsalino clair et en compagnie de ce que Nashville compte de mieux dans le rayon des «string bands». Pour toucher aux traditions et se frotter au bluegrass et à la country, les experts conseilleraient Jerry Douglas (dobro) et Stuart Duncan (fiddle), Jim Lauderdale (guitare et voix) et Jeff Taylor (accordéon). Elvis les a tous. Sur son récent ''Secret, Profane & Sugarcane'' et sur la scène du Stravinski. Son album de figurines est complet. Sa musique, elle, est à l'image d'un bateau qui parcourt sans se presser le Mississippi. Elle avance chaloupée, dépourvue comme elle est d'un véritable préposé aux rythmes. Elle tangue par endroits on devine les musiciens se cherchant mutuellement dans l'étendue sans repères mais ne perd jamais ni le cap ni l'élégance que veut insuffler le maître à bord. Elvis Costello aligne les ballades et les inédits, il glisse son humour caustique entre les notes et reprend les Beatles. Puis, il achève avec son célèbre «Want You» et quitte la salle en roi de cette musique du grand Sud. Un fait, un de plus, pour les hagiographes.  


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Le King du Grand Sud

Elvis Costello au Montreux Jazz

Rocco Zacheo

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Plaindre les hagiographes qui se pencheront un jour sur le cas Costello, cela tient du plus petit acte de compassion dont on peut faire preuve. Comment cerner et définir ce personnage truculent sinon par la description de ce qu'il n'a pas été dans sa longue carrière? On a connu le Londonien en rockeur saillant, capable de frôler le punk et la new wave avec un goût de la distance qui, à s'y méprendre, faisait croire à l'arrogance. Il a été aussi l'homme des projets inattendus (un disque avec le maître orchestrateur Burt Bacharach), le songwriter des menues histoires des gens de rien, le paresseux qui se tait pour une décennie et le louangeur de Momofuku Ando, inventeur des nouilles à la cuisson instantanée servies dans les gobelets en plastique des campus universitaires anglo-saxons.

L'encyclopédique aux éternelles montures noires passe aujourd'hui pour le plus improbables des chantres de l'Amérique profonde et sudiste, celle des colons blancs et de leur musique râpeuse et bâtarde. C'est son nouveau dada. A Montreux, il est arrivé mardi soir en costard, comme toujours, en borsalino clair et en compagnie de ce que Nashville compte de mieux dans le rayon des «string bands». Pour toucher aux traditions et se frotter au bluegrass et à la country, les experts conseilleraient Jerry Douglas (dobro) et Stuart Duncan (fiddle), Jim Lauderdale (guitare et voix) et Jeff Taylor (accordéon). Elvis les a tous. Sur son récent Secret, Profane & Sugarcane et sur la scène du Stravinski. Son album de figurines est complet. Sa musique, elle, est à l'image d'un bateau qui parcourt sans se presser le Mississippi. Elle avance chaloupée, dépourvue comme elle est d'un véritable préposé aux rythmes. Elle tangue par endroits — on devine les musiciens se cherchant mutuellement dans l'étendue sans repères — mais ne perd jamais ni le cap ni l'élégance que veut insuffler le maître à bord. Elvis Costello aligne les ballades et les inédits, il glisse son humour caustique entre les notes et reprend les Beatles. Puis, il achève avec son célèbre «Want You» et quitte la salle en roi de cette musique du grand Sud. Un fait, un de plus, pour les hagiographes.

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Le Temps, July 15, 2010


Rocco Zacheo reviews Elvis Costello & The Sugarcanes, Tuesday, July 13, 2010, Montreux Jazz Festival, Montreux, Switzerland.

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