Soiree «rock’n’roll» mercredi á Montreux. Appellation curieusement contrôlée pour un concert qui réunissait des pointures du «blues» américain et ce génie écorché qu’est Elvis Costello. Cinq artistes pour plus de six
heures de musique. John Hammond, Charles Brown, Bonnie Raitt, Robert Cray, Costello and the Rude Five (son nouveau groupe): nu plateau musical tellement copieux qu’il fut presque difficile à avaler. La nuit blanche avec George Clinton (la vielle) laissait quelques traces sur la forme du spectateur assidu.
En avance sur l’horaire, John Hamilton. L’homme débarque seul sur la scène. Il est huit heures et le casino est assis sur le tapas. Citadin new-yorkais, dans un costume aussi immacule que sa peau, il gratouille une guitare acoustique tout en s’accompagnant d’un harmonica. Du blues de péquenot, comme en jouaient les premiers noirs du Missisissipi. Le papa de John était producteur et archiviste, Le fils devenu musicien conserve cette mentality
de chasseur de sons. Du blues de bibliothéque en somme. Que l’on écoute d'une vague oreille.
Un gentleman passe
La classe, Charles Brown! Emballè dans une tenue d’amiral d’opérette. le pianiste porte ses 67 printemps avec le sourire. Californien, bluesman,, des boites de nuit et grand inspirateur du crooner Ray Charles. Charles Brown la joue swing et feutrée. l’Orchestre marche sur la pointe des pieds, semi-acoustique et réduit a la formule guitare-basse-batterie. Sur ce tapis de velours, voix ample et clavier lèger se déploient dans la douceur.
Drifting Blues , millièsmé début 1950. sonne comme une invitation á porter le smoking. Bad, Bad, Whiskey lance des clins d’oeil au bar d’un Club Savoy imaginaire. Un gentleman, est passé.
Blues, mais plus souvent soul, rhythm ‘n ‘blues, country voir simplement rock.’ Bonnie Raitt possède cette assurance des vieux routiers «à qui on ne la fait pas», Chevelure rousse et collection de guitares sur le bas cõtè de la scène, la dame débute dans les rythmes chaloupes. Le public est maintenant levé et ondule tranquillement. Ce rock est calibre pour la route et les auto-radios. Pas pressé ni stressé mais jamais mou non plus. Une reprise d’un slow soul, des ballades qui fleurent bon les piqueniques à la campagne. Bonnie Raitt survole l’heritage musical américain avec l'aisance d’une connaisseuse qui ne se veut jamais scolaire, La mécanique tourne á la perfection mais ronronne un peu. Ces autoroutes du midwest manque tellement de virages…
Blues sans calories
Une pause trop longue et Robert Cray débarque en fanfare. C’est à dire avec les Memphis Horns, venus renforcer son groupe habituel. Une fanfare qui se résume à une paire: un grand Noir et un petit Blanc. Andrew Love au
saxo et Wayne Jackson á la trompette, séve de toute l’histoire du rhytm, ‘n ' blues noir d’Otis Redding à Aretha Franklin.
|