L'Hebdo, November 29, 1984

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   Antoine Duplan

Star new wave, compositeur passionnant, Elvis Costello sème la mauvaise humeur et récolte la déception.

Je n’a jamais été un jeune homme en colère, j' ai toujours été un vieil homme en colère. Signé Elvis Costello, une figure part dans le monde vain du rock contemporain. Ramant depuis sept ans contre-courant des modes, il toujours surpris, tant par son look minable d’employé modèle que par la richesse de ses chansons. Textes subtils et cyniques, mélodies parfaites, en orfèvre du rock, en poète désabusé, Elvis Costello, défini par un critique anglais comme «le dernier espoir de la musique blanche», n’écrit pas pour le hit-parade.

Historien du rock, esthète introverti, défouisseur de racines, Costello se distingue par la sensibilité et l’intelligence de ses chansons. Il se singularise aussi par son sale caractère. Genève, où il donnait un de ses rares concerts, il particulièrement bien illustré cette facette de son talent. En commençant par refuser le trois-étoi- les que les organisateurs lui avaient réservé. En boudant le trois-étoiles de remplacement. Il fallu force diplomatie et flûtes de champagne pour calmer l’irascible star.

Interviews? Revenez. Photos? Vous plaisantez. Conséquence: une fouille sévère l’entrée de la salle. Costello avait prévenu qu’il quitterait la scène au premier clic-clac...

Paradoxe: alors que la grande force de ses chansons réside dans les arrangements hyperléchés (piano tintinnabulant, cuivres, con- trechants), Costello avait décidé de se produire sans son groupe. Et payait chèrement le prix de la solitude. Sa voix nasillarde, dénuée de volume, de couleurs, lasse vite, et le personnage n’a pas le charisme des rares chanteurs capables d’hypnotiser avec seul une guitare ou un piano (Neil Young, Bob Dylan, John Cale, Tom Waits...).

Le courant ne passe pas, l’audience se dissipe, les mauvaises vibrations se propagent. Costello donne libre cours sa hargne: «La communication est difficile: aucune importance, je ne suis là que pour l’ argent », «Bande d’imbéciles, si vous ne voulez pas écouter, je ferais mieux de rentrer l’hôtel», «Genève, ville morte», «Je dédie cette chanson toutes les jolies filles de la salle, et aussi tous les misérables vilains salauds («unfortunate ugly bastards»). La salle se partage en deux: un hémicycle d’inconditionnels se pressent au pied de la scène tandis qu’aux banlieues de la catharsis la foule des déçus hante les bars. «Vieux con», hurle un spectateur. «Fuck off Costello», s’égosille un chœur rageur.

Escalade de la mauvaise humeur, le show se désagrège. Au bout de vingt minutes, Binoclard Tête de Lard quitte la scène. Il revient toutefois, avec des lunettes noires (histoire de renforcer l’incommunicabilité?), pour de nouvelles insultes et un hommage aux années soixante (country, Beatles, «Streets of San Francisco»), claquant comme un bras d’honneur la face du public new wave. La triste prestation se termine sur un «I love you plein de vinaigre devant une audience clairsemée, déconcentrée, colère...

Un génie passé. Mieux vaut l’oublier. Restent les disques pour se réconforter.


Tags: Neil YoungBob DylanJohn CaleTom Waits

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L'Hebdo, November 29, 1984


Antoine Duplan reviews Elvis Costello and T Bone Burnett, Friday, November 23, 1984, the Palladium, Geneva, Switzerland.

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Photo by Dany Gignoux
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