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Infatigable et prolifique touche-à-tout, Elvis Costello s’attaque depuis bientôt 30 ans à tous les genres et multiplie les collaborations. Pour son nouveau projet, le binoclard chanteur et musicien anglais s’est associé à Allen Toussaint, pianiste, compositeur et producteur renommé de rythm’n’blues. Le superbe album "The River In Reverse" revisite le répertoire de cette figure légendaire de la Nouvelle-Orléans et dévoile de nouveaux titres composés par le tandem. Un must pour les amateurs de blues de de soul vintage.
- Comment a germé l’idée de travailler ensemble ?
Elvis Costello. – Comme ses concitoyens, puisque les autorités n’ont pas réagi suffisamment vite pour protéger la ville de la montée du niveau de l’eau. Il s’est réfugie à New York et nous nous sommes retrouvés à partager la scène à plusieurs reprises lors de galas de charités qui ont été organisés après la catastrophe. Durant cette période, j’ai aussi assisté aux concerts qu’il a donnés dans la Grande Pomme et j’ai redécouvert la richesse de son répertoire le connais ses chansons depuis que j’ai débuté dans la musique. Je me suis dit que c’était le meilleur moment de faire cet album.
- C’est à la fois un hommage à la Nouvelle-Orléans et à Allen Toussaint…
E.C. – C’est une façon de célébrer les talents de compositeur d’Allen. Et une occasion de composer ensemble de nouvelles chansons puisqu’il a eu la générosité de tenter l’exercice. Il apporte aussi ses talents de pianiste et d’arrangeur au sein de mon groupe, The Imposters, et sa "deuxième voix", c’est-à-dire sa section de cuivres. Il fallait que les cuivres viennent de la Nouvelle-Orléans.
- Vous êtes retournés a la Nouvelle-Orléans vers la fin 2005 pour finir l’album. Vos impressions ?
-C’était merveilleux de retourner là-bas malgré ce qui s’est passe. Pour nous, c’était une façon de ramener un peu de vie et de musique dans la ville. Et de faire savoir aux gens que l’âme musicale de la Nouvelle-Orléans est toujours bien vivante. Nous étions probablement les premiers à enregistrer là-bas après la catastrophe. Cela en a encourage d’autres a en faire de même.
- Quelle est la situation aujourd’hui ?
A.T. – Les choses progressent lentement mais sûrement. Maintenant qu’un nouveau maire a été élu, les gens peuvent se rallier à lui et aller de l’avant. Mais la tâche à accomplir est vaste.
- Vos nouvelles chansons semblent traduire de la colère…
E.C. – J’ai compose le titre éponyme à la fin de la première semaine de galas, juste après la tragédie. Il reflète la frustration que j’ai ressentie en écoutant tous ces musiciens de la Nouvelle-Orléans raconter leur expérience. Mais comme je n’étais pas sur place, je m’insurge surtout contre une façon de vivre. Nous devons nous montrer solidaires les uns des autres sinon nous courons à notre perte. Dans "Broken Promise Land" je condamne ceux qui ont affirme que l’ouragan Katrina était une punition de Dieu. Ce sont des propos blasphématoires tenus par des gens qui se disent chrétiens. Je ne peux pas m’empêcher d’être en colère lorsque j’entends ça. Mais le message de "Ascension Day" est optimiste. Je suis convaincu qu’en fin de compte les bons côtés de la nature humaine prévaudront.
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