«The Juliet Letters», c’est un peu l’histoire de deux mariages. Le premier, on le connaît: déchirants Roméo et Juliette. L’autre, plus inattendu, réuni le cynique Elvis et le très classique Brodsky Quartet. Pour surprenantes qu’elles puissent paraître, les moins justes. noces n’en sont pas moins juste.
Reprenons. Un jour, Elvis Costello ouvre le journal. En entrefilet, l’édifiante histoire de ce professeur de Vérone qui entrepris de répondre aux lettres adressées Juliette, LA Juliette, la femme mythique des amoureux, des sombres, et autres atrabilaires. Costello tient le poisson. Une littérature intime, ordinaire. Deuxième acte: Costello fait la connaissance du Brodsky Quartet, une formation plus proche de Bartok que d’Elvis (l'autre). Décidément, Juliette l’inspire. D’un commun accord, le flirt est consommé: il chantera, ils joueront. C’est l’émigration.
Avec «The Juliet Letters», Costello ne joue pas les «prêtés-rendus». Rien de bâtard, rien de fumeux: le quartet reste classique et Costello fidèle. Jeu d’intégrité, l’exploration musicale effleure ainsi Bartok, Weill, Chostakovitch, tandis que le timbre d’Elvis implore, s’envoie et gouaille qui mieux mieux. Comme quoi et l’album le prouve avec panache les muses du rock et du classique peuvent pérorer sans se crêper le chignon. En une vingtaine de petites «pièces chantées», «The Juliet Letters» font naître un cortège d’émotions, qui, dodelinantes, qui, dramatiques, rappellent Juliette à son destin. Et si le disque convainc, tout simplement, c’est que la voix, les textes, les cordes, bref tout concourt créer une intimité véritable, véritablement neuve. Les vacances d’Elvis sont réussies. «The Juliet Letters», Elvis Costello, The Brodsky Quartet, distr. Musikvertrieb.
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