Dans une période de retour aux sources, de recherche, de réinvention d'une musique riche de sa diversité et à peine âgée de vingt-cinq ans, le spectacle d'Elvis Costello - qui jouait lundi soir au Bataclan avant de donner un concert mardi à Bordeaux et mercredi à Rouen — est d'abord une fête enivrante du rythme. Cela suffirait déjà à expliquer le succès d'Elvis Costello en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Mais cette fête-là est aussi plus sophistiquée que celles, par exemple, que suscitaient certains groupes à la fin des années 60. Et les textes que l'on y chante sont beaucoup plus solides, plus élaborés, souvent pleins d'humour.
Cheveux courts, lunettes à monture d'écaille, costume de scène avec veste rouge et chemise noire, Elvis Costello — qui publia ses premiers disques à Londres en 1977 — surgit sur la scène un peu comme une image rétro. Tout de suite, aidé par deux excellents guitaristes et un drummer, Costello explore les racines noires du rock avec une force et une densité singulières, avec une belle efficacité directe, avec une voix de chanteur de rhythm and blue et de soul qui utilise parfois la manière dylanesque de prendre et de développer une mélodie. Tout y passe : blues, rhythm and blue, ballade soul, rock traditionnel construit comme l'aurait fait Chuck Berry, vieux titre de Sam and Dave repris avec éclat. Et cela constitue un spectacle plein de vibrations. Seule réserve : quand Costello s'essaie au lyrisme, il est, pour l'instant, trop chaotique, peu convaincant.
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