Welcome to the Voice annonce le titre du spectacle à l'affiche du Théâtre du Châtelet, à Paris, du 20 au 25 novembre, avec Sting et Elvis Costello en vedettes. Mais cette invitation aux charmes vénéneux de la voix (populaire ou éduquée) n'est pas tout à fait, à nos oreilles du moins, une bienvenue au paradis.
En voici toujours l'argument, présenté par le théâtre : "Dionysos, fils d'ouvrier grec, mais peut-être aussi fils de Zeus, tombe amoureux d'une chanteuse d'opéra. Sting va créer sur la scène du Châtelet ce personnage fou de désir, utopique et hanté par les fantômes de Carmen, Butterfly et Norma. Ces trois Parques pourraient bien décider de jouer avec la vie de l'impudent. Elvis Costello a accepté d'endosser les habits d'une espèce de Savonarole qui voudrait contraindre le héros à rentrer dans le rang. Sylvia Schwartz sera La Voix qui obsède notre dieu de l'incitation au délire, et de la démesure. Un opéra sur le thème romantique des rencontres improbables et de la passion pour la voix humaine."
Les rencontres improbables sont le ferment de l'opéra où les styles les plus divers peuvent se catapulter avec génie, si le compositeur et le librettiste en ont.
PLATITUDES RISIBLES
Deux exemples viennent immédiatement à l'esprit : Philippe Boesmans et Luc Bondy dans leur Conte d'hiver (1999) ; Wolfgang Mitterer dans son assez décoiffant Massacre (2003). Or, dans Welcome to the Voice (2006), ni la librettiste Muriel Teodori (auteur d'un texte aux platitudes risibles et d'une mise en scène inexistante) ni Steve Nieve n'en ont.
Nieve, pianiste de Costello, s'essaie aux lieux communs de l'opéra, qui sont l'un des principes fondateurs du genre. Mais il confond lieu commun et poncif. Et ratisse large : copiés-collés chez Piazzolla, Honegger, Bizet, Wagner, Bartok, Sondheim, Glass, Weill, une rasade flûte shakuhachi, des mélopées orientales, une trompette whitmanienne planante (celle du Mystic Trumpeter), etc. Le tout est nappé d'une réverbération amplifiée dont la liquidité accentue le côté "soupe" de cette triste affaire.
Sting, rauque mais intense, tire son épingle de ce jeu auquel il croit, Elvis Costello est une catastrophe vocale, l'Ensemble orchestral de Paris est médiocre.
Les quatre chanteuses lyriques (Sylvia Schwartz, Marie-Ange Todorovitch, Sonya Yoncheva, Anna Gabler) sont bonnes.
Welcome to the Voice, Théâtre du Châtelet, place du Châtelet, Paris-1er. M° Châtelet. Tél. : 01-40-28-28-40. Jusqu'au 25 novembre. De 27,50 € à 122,50 €.
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