Rock & Folk, December 1983

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Actualites happy!


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   François Gorin

Lecteur, si vous såviez comme cela me demange de ne pas être bref pour introduire le personnage. A l'issue de cet entretien privilegiè, je suis en mesure de affirmer Elvis Costello est un individu bien réel d'une cordialité au-dessus de la moyenne et d'une rigoureuse brillance en interview, concomitante de son talent mille fois loué d'écrivain de chansons. Affale au bar mais sur un ton qui dissipait l'hypothese d'une routine propagandaire. Jake Riviera n'avait que trop raison: ces quarante minutes de parlotte, il ny avait qu'a les transcrire, tout compte et tout est clair rien à jeter. Plaignez-donc le supplice de la coupe sombe et du laius edulcore pour les imperatifs spatiaux de la rubrique «Actualités». Elvis, c'est a vous.


Vous avez l'air d'apprecier les interviews beaucoup plus qu'avant. Que s'est-il donc passe ?

Simplement, ce n'est que maintenant que j'ai vraiment l'impression d'avoir des choses interessantes a raconter! Je considere qu'il y a present une matiere suffisante, assez de sujets a traiter concernant tout ce que j'ai pu faire… ca n'etait pas le cas jusqu'a recemment.

C'est une question de recul, uniquement?

Essentiellement. Recul, capacite de jugement. Avant, j'y voyais beaucoup moins clair, j'avais trop le nez dedans, c'etait une sorte de tourbillon, surtout dans la premiere periode, jusqu'a Armed Forces; là on avait atteint les limites. Et puis aussi, ça je l'ai deja dit, ce qu'on ecrivait sur, moi etait systematiquement vicie, je preferais donner le moins de prise possible a ces interpretations idiotes, le «jeune homme en colere» et autres bêtises.

Vous dites «je» Mais on s'est beaucoup interroge sur la part exacte de votre manager Jake Riviera dans cette attitude protectionniste. Cette façon don’t il vous «couvait» …

Une sorte de Svengali, oui, je vois. Jake n'est pas un Colonel Parker! Il fallait obligatoirement un partage des roles, c'est difficile de tout contrôler en même temps. Bon, Jake a son style de management, mais dans l'ensemble je lui faisais confiance dans sa partie. Il n'est jamais intervenu sur les questions d'ordre musical. Là encore, on n'a pas toujours bien interprété ce qui se passait réellement. Il y a eu cette période. 78-79 à peu pres, ou on était censé paraitre très "flashy" et très "hip." Ca n'etait pas toujours la faute de Riviera. On a même parfois été franchement détestables, je me souviens de cette tourness au Japon… c'était comme une facon d'illustrer un cliché, assez droie en fait.

Il fallait donc à tout prix vous preserver de ces vilains journalistes. Le plus curieux, c'est que ce sont les critiques rock qui vous on elu Roi, avant que le public ne s'y mette peut-ètre un jour.

Ça n'a pas toujours repose, sur un jugement musical, ou sur la qualité de mes disque; il y a eu une projection plus ou moins fantasmatique les critiques me decrivaient comme ils croient que je suis. Beaucoup d'entre eux cherchent avant tout d'soigner, leur image. C’est un véritable, danger, que de devenir ainsi un culte. A premiere vue, c'est eminemment flatteur, d'etre l’élu des critiques, mais ces gens — là sont tellement jaloux de leurs choix elitistes que ça peut trés bien se retourner contre vous, vous faire perdre la bonne direction.

Est ce qu'on peut voir Punch The Clock comme une tentative d'etre je ne veux pas dite "commercial," mais plus accessible á un large public?

Il est certainement plus léger, Plus facile que Imperial Bedroom Quant a savoir quelle est la part de, decision, consciente. Grosso modo, on peut faire une partition en deux dans les groupes pop: il y a ceux qui font des tas d'efforts pour anticiper les modes, flairer la nouvelle tendance, et ceux qui font selon leur coeur, catégorie dont je pense faire partie. Dans ces conditions, le succes tient largement à des questions de chance et de timing. S'il y a concordance entre le courant du moment et ce que vous avez envie d’exprimer, la manière dont vous voulez l’exprimer, c'est parfait. Soyons clairs, la plupart des chansons pop qu’on entend aujourd’hui. 90 %, soin faites de stéréotypes, de clichés, et par des idiots. S'il faut en passer par là, c'est regrettable. Le tout est de ne pas tricher, au risque de perdre son identité.

Cet album marque-t-il le début d’une nouvelle phase?

On ne peut pas encore en juger. Après tout, dans mon idée, chaque album n'est jamais qu’une transition.

Vous ne pensez pas qu’on peut considérer Imperial Bedroom comme un achévement de la précédente série d’albums — à partir de Get Happy!! — qui figurerait quelque chose comme une phase «purgatoire»?

Je vois ce que vous voulez dire. Mais je dois avouer que le côté sombre de ces albums- là, notamment Imperial Bedroom ne m’est apparu qu’a posteriori.

Peut-être à cause de la «luminosité.», du luxe des arrangements. Mais Trust et Almost Blue a ont des ambiances plutôt déprimées,.. Jusqu’à quel point peut-on dire que la musique que vous produisez reflêge votre état desprit?

La différence entre chansons personelles et impersonnelles n’est pas toujours évidente pour l’auditeur. Ça laisse fatalement un champ d’interprétation ouvert. Mème des détails comme l’emploi de la troisième personne ne sont pas forcément significatifs. Certaines chansons ne peuvent paraître personnelles qu’à celui qui les a écrites. Les gens en font ce qu’ils veulent, ce n’est pas l’essentiel, il n’y a aucun message. Bien sûr certaines expériènces personelles peuvent m’inspirer des chansons impersonelles, mais je ne vais pas me mettre à raconter ma vie privée! Ceci dit, c’est vrai que Almost Blue était plutôt désepéré. Mais précisément, là, il ne s’agissait pas de mes compositions… C’est après cet album, dont personne ne voulait entendre parler — on le méprisait ou on restait perplexe — que j’ai envisagé de laisser tomber. A mon tour je m’interrogeais: quel intéret de continuer? Maintenant, ça va beaucoup mieux, mais ne me demandez pas pourquoi!

A l’évidence, Punch The Clock est un album plus relax, plus heureux, une espèce de Get Happy!! pris au mot…

En tout cas, je voulais quelque chose de plus enjoué. Mais je ne me suis pas levé, un beau matin en décrétant que j’allais me sentir beaucoup plus heureux et écrire un album en ce sens! Punch The Clock, je l’ai voulu plus direct. Mais il y a aussi ces deux chansons sombres, «Pills And Soap» et «Shipbuilding». A coté de choses très simples, très standard comme «Everyday I Write The Book», il y a des chansons obscures comme «King Of Thieves» … En général, ce sont mes amis, mon entourage qui me font remarquer mes changements d’humeur. On ne se soucie pas nécessairement de son humeur quand on est en train de travailler sur un album.

Vous avez change un peu votre approche musicale, plus légère, mais vous continuez d’y accoler des paroles assez sophistiquées, astucieuses… vous n’avez jamais essayé d'écrire des chansons vraiments idiotes?

Oh, il y en a quelques unes… et d’autres qui heureusement ne verront jamais le jour. Cela dit, mon écriture ne suppose pas une complication délibérée. Il s’agit souvent d’utiliser des clichés, de les exploiter, de les détourner, mon but est d’ajouter quelque chose à l'écriture pop traditionnelle. J’ai des ingredients en tete, je laisse faire ma manière. Ça ne me parait pas très original, pour un songwriter.

Vous sentez-vous toujours un peu déplacé, dans le rock-business?

Oui, le rock-business m’a l’air toujours aussi stupide! Il y a tellement de choses qui m'échappent que je ne tiens pas à perdre notre précieux temps à en parler (Hilare).

Votre style d'écriture se réfère à toute une tradition de la musique populaire depuis les Années 40… Est-ce que vous vous définiriez comme un rock 'n' roller?

Certainement pas au sens strict. Le rock 'n' roll est un genre précis, un morceau d'histoire. De toute façon, il y a des gens qui jouaient du rock 'n' roll avant même que le mot n’existe. S’il n’y avait pas eu les Amos Milburn, Smiley Lewis, Big Joe Turner… on n’aurait jamais eu que le chanteur préféré de Chuck Berry, c'était Nat King Cole. Alors pourquoi n’aurais-je pas le droit d’aimer à la fois Frank Sinatra, Hank Williams, Billie Holiday, Chet Baker … et Joe Strummer? Il ne faut pas exagérer les clivages. Si un jour je veux faire un album disco, je pourrais le faire sans avoir l’impression de compromettre la "flamme sacrée du rock 'n' roll," parce que je ne vois pas les choses avec ce genre d’attitude restrictive. Je l’ai déjà dit, je ne suis pas intéressé par la pose, mais par le songwriting; tout ce qui vient en plus est un véhicule. Pourquoi ne pas utiliser tout le spectre d’influences disponibles?

Quel est le songwriter que vous respectez le plus?

Hum. Ffff! Il ne peut y en avoir un seul. Il y a un tas de noms évidents à citer.. Rodgers & Hart, Cole Porter, Bacharach & David, Goffin & King, Lennon & McCartney, Smokey Robinson, Holland-Dozier-Holland, qui d’autre? Bob Dylan, John Sebastian…

Bon. Je l’ai arrêté à Iggy et Ziggy. Et puis à quoi bon forcer sur les salades? Le meilleur est ailleurs, ou vous savez. J'espère Punch The Clock commence à frapper (et attention on ne le lâchera pas pour ca!) Il y aura eu un Casino (UN seul Casino! Honte! Scandale!). Un peu de vent quoi. En janvier, RCA ressortira tous les albums precedents (sauf le premier). Elvis Costello est le plus grand et ca commence a se savoir. Sans rancune pour ceux qui débarquent.


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Rock & Folk, No. 203, December 1983


François Gorin interviews Elvis Costello.

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Page scans.

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Photo by Claude Gassian.
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Photographer unknown.


Cover.
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