Rock & Folk, March 1981: Difference between revisions
m (fix transcription error add formatting) |
(add transcribed text) |
||
Line 27: | Line 27: | ||
Ce qui ne veut pas dire que Costello et consorts ne se soient pas conduits comme une bande de Huns pendant une grande partie de la [[Armed Funk Tour|Tournée Armed Forces]]. Après tout, la troupe se déplaçait dans un bus arborant « CAMP LE JEUNE » sur ses flancs, et à plus d'un titre Costello, Riviera et Cie ont fait plus de ravages qu'une compagnie de Marines durant cette tournée américaine, s'aliénant à la fois les stations de radio, les promoteurs, parfois le public et toujours bien sûr les journalistes. Parfois les outrages étaient concertés et géniaux ; parfois ils étaient seulement stupides et un effet de la personnalité nettement coincée du grand fautif. Mais une chose est sûre, c'est que dès le début Costello a été certain de pouvoir se permettre ce genre de corde raide, pour une simple raison qu'il explique dans « Red Shoes » sur un petit air de triomphe et de sweet revenge : « Oh, I used to be• disgusted And now I try to be amused / But rince their wings have got rusted / You know, the angels wanna wear my red shoes » (« Oh, avant ça me dégoûtait / Et maintenant j'essaie de trouver ça drôle / Mais depuis qu'ils ont les ailes rouillées / Eh bien les anges ils veulent porter mes chaussons rouges »). Inutile, je suppose, d'épiloguer sur qui sont ces anges. Rust never sleeps. | Ce qui ne veut pas dire que Costello et consorts ne se soient pas conduits comme une bande de Huns pendant une grande partie de la [[Armed Funk Tour|Tournée Armed Forces]]. Après tout, la troupe se déplaçait dans un bus arborant « CAMP LE JEUNE » sur ses flancs, et à plus d'un titre Costello, Riviera et Cie ont fait plus de ravages qu'une compagnie de Marines durant cette tournée américaine, s'aliénant à la fois les stations de radio, les promoteurs, parfois le public et toujours bien sûr les journalistes. Parfois les outrages étaient concertés et géniaux ; parfois ils étaient seulement stupides et un effet de la personnalité nettement coincée du grand fautif. Mais une chose est sûre, c'est que dès le début Costello a été certain de pouvoir se permettre ce genre de corde raide, pour une simple raison qu'il explique dans « Red Shoes » sur un petit air de triomphe et de sweet revenge : « Oh, I used to be• disgusted And now I try to be amused / But rince their wings have got rusted / You know, the angels wanna wear my red shoes » (« Oh, avant ça me dégoûtait / Et maintenant j'essaie de trouver ça drôle / Mais depuis qu'ils ont les ailes rouillées / Eh bien les anges ils veulent porter mes chaussons rouges »). Inutile, je suppose, d'épiloguer sur qui sont ces anges. Rust never sleeps. | ||
Et comme s'il était besoin de rendre les choses encore plus claires, Costello prend la peine de nous asséner cette dernière déclaration d'intention — à un stade de sa carrière où il peut véritablement être fier de lui. C'est sur son dernier album, « ''Get Happy'' », et cela s'intitule « Clowntime Is Over » : Clowntime is over / Time to take over / While others just talk and talk / Somebody's watching where the others don't walk / / While ev'rybody's hiding under covers / WHO'S MAKING LOVER'S LANE / SAFE AGAIN FOR LOVERS ? (« Terminé les clowneries / Il est temps de prendre les choses en main / Pendant que les autres ne font que de parler / Quelqu'un s'occupe de là où les autres ne s'aventurent pas... Pendant que tout le monde se cache sous les couvertures / C'est grâce à qui si les amoureux / Peuvent de nouveau se sentir tranquilles dans leur coin ? ») Qui donc, on se le demande. Et qui sont les clowns ? Ça, on préfère ne pas se le demander. Le plus beau c'est que Costello a une énorme dette envers tout un passé musical ; et ce n'est que récemment qu'il s'est mis à l'admettre avec une bonne volonté relative. Il y a évidemment les Brinsleys, les vieux pères du pub-rock et toute la grande Synthèse Américaine (l'ultime coup de chapeau viendra quand Costello sortira un simple sous le nom de Nick Lowe, l'auteur de ce bon cheval de bataille qui a fait longtemps partie du répertoire de Brinsley Schwarz, « What's So Funny 'bout Love And Understanding ? »). Mais il y a aussi le tonnerre de la merseybeat : « ''Get Happy'' » contient une ronflante reprise d'un obscur B-side des Merseybeats, justement. L'année dernière Costello et les Attractions en avaient fait un des sommets de leurs concerts : « I Stand Accused ». Et, bien sûr, la filière soul et country, qui sera amplement illustrée | Et comme s'il était besoin de rendre les choses encore plus claires, Costello prend la peine de nous asséner cette dernière déclaration d'intention — à un stade de sa carrière où il peut véritablement être fier de lui. C'est sur son dernier album, « ''Get Happy'' », et cela s'intitule « Clowntime Is Over » : Clowntime is over / Time to take over / While others just talk and talk / Somebody's watching where the others don't walk / / While ev'rybody's hiding under covers / WHO'S MAKING LOVER'S LANE / SAFE AGAIN FOR LOVERS ? (« Terminé les clowneries / Il est temps de prendre les choses en main / Pendant que les autres ne font que de parler / Quelqu'un s'occupe de là où les autres ne s'aventurent pas... Pendant que tout le monde se cache sous les couvertures / C'est grâce à qui si les amoureux / Peuvent de nouveau se sentir tranquilles dans leur coin ? ») Qui donc, on se le demande. Et qui sont les clowns ? Ça, on préfère ne pas se le demander. Le plus beau c'est que Costello a une énorme dette envers tout un passé musical ; et ce n'est que récemment qu'il s'est mis à l'admettre avec une bonne volonté relative. Il y a évidemment les Brinsleys, les vieux pères du pub-rock et toute la grande Synthèse Américaine (l'ultime coup de chapeau viendra quand Costello sortira un simple sous le nom de Nick Lowe, l'auteur de ce bon cheval de bataille qui a fait longtemps partie du répertoire de Brinsley Schwarz, « What's So Funny 'bout Love And Understanding ? »). Mais il y a aussi le tonnerre de la merseybeat : « ''Get Happy'' » contient une ronflante reprise d'un obscur B-side des Merseybeats, justement. L'année dernière Costello et les Attractions en avaient fait un des sommets de leurs concerts : « I Stand Accused ». Et, bien sûr, la filière soul et country, qui sera amplement illustrée dans ce qui va suivre. Mais à ses débuts, et malgré son nom d’emprunt, Elvis insistait pour n’être le fils de personne. | ||
Blame it on Cain. | |||
LIP SERVICE (is all you’ll ever get from me)<br> | |||
La prolixité et le débit de Costello ne sont rien moins que prodigieux. D’après les dires de [[Bruce Thomas]], le bassiste des Attractions qui partage sa chambre avec lui en tournée, Costello est un insomniaque invétéré qui passe ses nuits à écrire. [[Nick Lowe]] déclare souvent d’un air désabusé qu’Elvis " ''a des centaines de chansons en réserve, mais moi je ne garde que les hits, enfin, que ceux qui me paraissent pouvoir devenir des hits'' ." Bien sûr, le nombre affolant de disques sortis par Costello est autant le résultat de sa créativité galopante que de la fantaisie des deux charlatans notoires, Lauder et Riviera, les deux joyeux drilles qui ont présidé successivement aux destinées de Stiff, Radar, et à présent F-Beat, et dont les pratiques décidément lapinis tes risqueraient de pousser le collectionneur sérieux soit un suicide, soit à l’homicide, si cette engence n’était pas si masochiste pour commencer. On compte à cejour pas moins de cinq albums, dix simples, deux EPs, un maxi-EP, quatre simples gratuits, un album en public de promo (le fameux « ''Live At The Mocambo'' »), plus les innombrables bootlegs et la récente compilation de B-sides et autres perles introuvables sortie par CBS-USA. Sans compter non plus toutes les galettes qui se chevauchent, partiellement ou non. Depuis la sortie de «''Taking Liberties'' », peu de plages restent rares ou introuvables. En tout cas pas indispensables (seuls les incurables feraient des pieds et des mains pour des choses comme «Neat Neat Neat » ou les deux chansons live du Stiff Tour). Il y a quelque chose de beaucoup plus utile, par contre: c’est le fameux | |||
double-bootleg sorti il y a deux ans, «''[[Bootleg: 50,000,000 Elvis Fans Can't Be Wrong|50 000 000 Elvis Fans Can’t Be Wrong]]'' », | |||
surtout pour le premier disque qui contient les démos Radar et quelques-unes des premières répétitions avec les Attractions enregistrées sur un 4-pistes quelque part en Cornouailles. L’équivalent des « ''Basement Tapes'' », si on veut... Ce qui pourrait évidemment paraître | |||
d’une inconséquence et trivialité monumentales (tout est relatif), mais il n’est tout de même pas inintéressant d’entendre Costello chanter seul avec sa guitare des choses comme « Hoover Factory » (version différente de celle figurant au dos du récent Clubland ») ou « You Belong | |||
To Me », ou encore l’entendre éructer «Mystery Dance» avec pour tout accompagnement une... batterie. Pas inintéressant, parce que c’est justement ça qu’ont dû entendre tous les A & R et autres gros pleins de soupe des maisons de disques deLondres en 1976, quand McManus-pas | |||
-encore-Costello défilait devant eux et poussait la goualante debout devant leur bureau. A entendre ces petits joyaux pop on ne peut que conclure qu’ils avaient décidément des oreilles en zinc, tant le potentiel des chansons saute à la figure. Signalons également au passage que, dès le début, Costello a été intensivement piraté, en Europe comme aux Etats-Unis, à un degré que seul Dylan et quelques autres | |||
semblent devoir dépasser. <br> | |||
Le rock n’a jamais été une affaire très sérieuse, et vraiment peu d’artistes méritent l’épluchage systématique dont on a bien voulu les honorer à une époque ou à une autre. C’était peut-être plus compréhensible au temps où le rock était une obses | |||
{{cx}} | {{cx}} |
Revision as of 19:54, 1 January 2017
|