S’il est des artistes qui s’appliquent à ressasser à longeur de disques le recettes qui leur ont valu quelque gloire, Elvis Costello considère pour sa part qu’il n’y a qu’un pas entre la new wave , le bluegrass ou l’opéra. Ou l’animation d’une émission télé puisque l’homme, d’un naturel curieux – et une rien mégalo – anime son propre talk-show sur la chaîne américaine Sundance Channel. Sur "National Ransom", Elvis Costello n'a pas eu l'inspiration parcimonieuse, comme s'il était mis en tête de présenter toutes les facettes de son protéiforme talent. Il s'est pour ce faire acoquiné avec les membres des Imposteurs et des Sugarcanes, ses groupes de longue date, quelques invités de goût (Marc Ribot, Buddy Miller), des cuivres et le producteur T-Bone Burnett (décidément partout). Jusqu'à la dixième chanson, c'est une démonstration : la pluralité de styles n'est pas un problème quand on a l'écriture et Costello régale sur tous les fronts : rock à l'ironie cinglante (la pochette achève de préciser sa pensée sur les banquiers de Wall Street), descente dans la Nouvelle-Orléans des années 30, danse espiègle avec une Josephine (prénom dont sont toujours friands les musiciens, bizarrement), mélodies à tiroir et à tomber ("Church Underground"), ballades intimistes, ("Bullets For The New Born King") ou grandioses ("You Hung The Moon"). L'homme se serait arrêté là qu'il tenait un bijou. Ce n'est pas qu'ensuite tout soit à jeter, loin s'en faut ("The Spell That You Cast" est un modèle de power pop) mais, de chansons dispensables ("One Bell Ringing") en ballades trop longues ("All These Strangers"), l'album se trâine et diffère par trop sa conclusion. Cela dit, il est quelques rockers de son âge (56 ans) qui donneraient cher pour avoir des soucis de trop plein créatif.
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