Rock Sound, April 1994

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Elvis Costello: Bons baisers d'albion


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   Yves Bongarçon

On le croyait calmé, assagi, plus concerné. Pire, blessé. Non Madame. Elvis est bel et bien là, fidèle au poste. Bon pied, bon oeil. Et pas content, comme d'hab'. La sortie du bois s'agrémente cette fois encore d'un album, le séminal Brutal Youth, où Declan Patrick Aloysius compte ses amis et ses fidèles en même temps qu'il remet son ouvrage (période Get Happy) sur le métier. Gilet tricoté main (Cait ?), grosse veste de clergyman, chemise boutonnée jusqu'au col, sourire narquois, aigreur chevillée à l'âme, MacManus parle de ce qui l'intéresse, ironise quand l'envie lui en prend et envoie chier la critique. En pleine forme, quoi.

Seize ans de carrière, quinze albums, n'est-ce pas trop ?

Non, pourquoi ? C'est mon boulot d'écrire des chansons et de les interpréter. Je suis comme tous les gens qui vont au boulot tous les jours, c'est tout. Et moi, il faut que je travaille tous les jours... Quand j'ai commencé, les disques sortaient plus souvent, on écoutait un nouveau truc tous les six mois. Moi, j'aimerais en sortir un toutes les six semaines, il y aurait ainsi moins de tension ou de dramatisation, ce serait un événement normal, un peu comme un journal... D'autant que j'écris beaucoup de chansons, je n'aurais aucun problème pour produire dans le rythme... Mais disons que ce n'est pas une obsession, c'est seulement ce que je fais : mon boulot, et ça reste un plaisir, c'est bien comme cela.

Le business musical semble obsédé aujourd'hui par les qualités d'enregistrements...

Je me fiche de ça, d'ailleurs je me fiche du business. Il n'a rien à voir avec la musique. Quant à mes enregistrements, ils sont exactement ce que je veux qu'ils soient, avec le son que je veux, sans m'occuper de ce que disent les autres. Parfois, c'est volontairement que je livre un son moins travaillé que ce qu'il pourrait être parce que c'est l'effet sonore que je voulais obtenir. De plus, si tous les disques avaient le même son et la même atmosphère, ce serait plutôt rasoir, non ?

Avez-vous des regrets concernant certains de vos albums ?

De temps en temps, oui... Je regrette certains moments, peu nombreux en fait, parce qu'ils sont moins bons ou parce que j'en espérais mieux... Mais d'un autre côté, ils reflètent ce que j'étais capable de faire de mieux à un certain moment. Je sais bien qu'il y a des imperfections ou des erreurs, mais j'ai appris de ces moments-là aussi. Et les chansons évoluent en ce sens que, selon les jours, on apprécie tel morceau et le lendemain un autre, selon l'humeur...

Votre premier disque s'appelait My Aim Is True. Quel était votre but justement à cette époque ?

C'était juste un titre, pas une déclaration philosophique... mon objectif - plutôt que mon but - à l'époque, était de faire un disque, parce que j'attendais ça depuis pas mal de temps. Je n'avais aucune idée précise de carrière, savoir si ça durerait un an ou cinquante ans... Maintenant, je crois que j'irai jusque vers cent deux ou cent trois ans, puis je commencerai à ralentir un peu (sourire)...

Et comment analysez-vous votre carrière ?

Je ne le fais pas... C'est ça le hic avec ce genre de questions... Ce n'est pas mon boulot d'analyser ce que je fais, plutôt celui des journalistes ou du public. Le faire moi-même ne m'apporterait rien, je connais "mon oeuvre" puisque je l'ai écrite... Et il n'y a rien d'ambigu dans mes chansons. Bien sûr, je pourrais peut-être ressentir certaines choses différemment ou moins apprécier une chanson qu'au moment de sa composition, parce qu'on change, mais le futur m'intéresse beaucoup plus que l'analyse de mon propre passé. Je sais que certaines personnes s'analysent... Moi, je suis plus tenté par la nouveauté, même si c'est à partir de mélanges, d'éléments déjà rencontrés musicalement. On peut construire des chansons, ou entrer dans un monde différent, comme je l'ai fait avec les Juliet Letters, et, là aussi, on est relié à la musique avec son passé.

Et que pensez-vous alors de toutes ces analyses des journalistes sur vos albums, vos compositions, votre carrière ?

Je ne les lis pas toujours... D'abord, je ne peux lire que l'anglais et un petit peu d'italien, donc je n'ai vraiment aucune idée de ce que beaucoup de gens ont écrit sur moi. Et là encore, ce n'est pas mon travail, je ne suis pas journaliste, et je ne lis des articles qu'occasionnellement. Je suis en revanche plus intéressé par les réactions émotionnelles des gens à ma musique, mais très peu de ce que j'ai pu lire, sur moi ou sur d'autres musiciens, correspond à cette émotion que procure la musique. Le plupart des critiques semblent écrire dans le cadre d'une théorie politique ou culturelle, mais pas comme une personne sensible face à des sons ; c'est plutôt désobligeant, même pour le public, car je sais que les gens peuvent avoir une variété de réactions à ma musique. Ainsi,

On a l'impression que depuis quinze ans, vous avez tenté de visiter, musicalement, chaque recoin de ce qu'on pourrait appeler globalement la musique pop...

Oui, c'est sans doute ce que j'ai fait, mais c'est un processus naturel, je suis curieux de différentes musiques à tous niveaux, Par exemple j'ai toujours aimé la country music, mais il m'a fallu du temps, jusqu'à Almost Blue, pour que ce goût soit assez fort pour me donner envie de faire un album de reprises; j'aurais pu facilement faire un album country avec mes propres compositions, mais à cette époque, je n'en avais pas envie. Vous savez, les motivations ne sont pas si complexes : ça n'a rien de mystérieux ou de psychologiquement caché... C'est surtout le plaisir de faire telle musique qui l'emporte à un moment donné... Et cette démarche naturelle est bien loin, parce que plus simple, de toutes les analyses qu'on peut faire (rire)... Et le fait que je travaille d'une façon qui peut paraître plus frénétique ou boulimique que certains n'est qu'une affaire de métabolisme : j'aime la musique, j'ai envie de profiter de sa diversité, et j'espère bien continuer...

Quelle profession indique votre passeport ?

Musicien.

Vous avez beaucoup écrit sur le sentiment de frustration. Considérez-vous la musique comme une forme de thérapie ?

Non, pas dans le sens moderne du mot... Mais la musique peut correspondre parfaitement à un moment d'émotion qui sera mieux supporté : par exemple, dans un moment de tristesse, écouter une chanson qui traite du





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Tags: Brutal YouthGet Happy!!Cait O'RiordanDeclan Patrick Aloysius MacManus


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Rock Sound, April 1994


Yves Bongarçon interviews Elvis Costello.

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