Rolling Stone France, November 2018

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Elvis Costello: L’imposteur magnifique


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   Alain Gouvrion

Provocateur depuis le sommet de son chapeau couleur crème à l’extrémité pointue de ses boots, le proliique singer-songwriter anglais vient de publier l’un des meilleurs albums de 2018, Look Now, qui marque ses retrouvailles avec The Imposters. Rolling Stone a fait le voyage jusqu’à Londres pour le rencontrer.

Londres, un matin glacial de Septembre. La silhouette d’Elvis Costello se découpe sur le ciel gris, dans cette morne suite du Royal Garden Hotel surplombant Hyde Park. Svelte, tout de noir vêtu, ses légendaires lunettes sur le nez, mais sans son galure à la Thelonious Monk, il semble indiscutablement en forme… Ce qui est plutôt rassurant, au regard des récentes et alarmantes nouvelles sur sa santé. Son accueil chaleureux, assorti d’un inattendu "Your face seems familiar to me" toujours forcément latteur, nous autorise à souligner que notre dernière rencontre remonte tout de même à vingt ans. "Pour Painted from Memory, alors, en déduit Mr. Costello. Les années ont ilé tellement vite…" Mais la nostalgie s’accommode mal des exigences du planning stakhanoviste qu’on lui a concocté : 30 petites minutes pour converser avec le plus éclectique et le plus érudit des songwriters de sa génération… Le musicien surdoué aux collaborations prestigieuses (Bacharach, McCartney, Chet Baker & co), l’homme pressé qui ne court plus depuis longtemps après les hits, préférant de loin enregistrer des albums aussi exigeants qu’excitants, à l’image de ce Look Now absolument sidérant. Pourtant, la sensation d’un inéluctable désastre s’estompera très vite : conteur né, Costello, l’œil brillant et animé d’une passion rare, vous embarque de façon vertigineuse dans les méandres de sa carrière et de la création artistique, multipliant les allers et retours entre passé et présent comme dans sa superbe autobiographie, Unfaithful Music and Disappearing Ink (2016)… n’hésitant pas à farfouiller dans les tréfonds de son portable pour vous faire écouter ce morceau chanté en français et en anglais qui ne figurait pas sur l’exemplaire reçu pour écoute avant interview… et dont il vous dit qu’il le destinait (stupeur de l’intervieweur !) à Johnny Hallyday. Au il de cet entretien up tempo qui se conclura sur un amusant "See you in another twenty!", Costello se révélera tel qu’en lui-même : intense, brillant, iconoclaste, fou de musique et de tout ce qui fait la culture rock… ou pas.


À propos de Look Now, vous avez déclaré que votre ambition était de produire un disque se situant entre Imperial Bedroom (1982) et Painted from Memory (avec Burt Bacharach, en 1998). Mais il semble que le spectre soit en réalité beaucoup plus large que cela, n’est-ce pas?

J’espère que ça l’est… En fait, c’était juste une réponse à ma maison de disques qui me demandait : "Qu’est-ce qu’on leur raconte? [aux médias]". J’ai toujours des réponses de ce genre en réserve, ce qui est pratique. Mais, au fond, ce n’est pas une mauvaise façon de commencer à réfléchir sur ce disque. C’est mieux que de dire : "C’est un retour au temps de My Aim is True", parce que cela n’est pas le cas : c’était il y a quarante ans ! Et je n’avais pas 30 ans quand j’ai enregistré Imperial Bedroom.

Quels souvenirs en gardez-vous ?

C’était la première fois que nous avions un "free run", un accès total dans un studio. On se disait  : "Ça y est ! Cette fois, we’ve hit the big time !" On était aux Air Studios de George Martin. Paul McCartney enregistrait Tug of War juste à côté. On pouvait utiliser un clavecin ou engager un orchestre à cordes pour jouer les arrangements de notre pianiste Steve Nieve. On était produit par Geoff Emerick, qui officiait simultanément comme ingénieur du son sur Tug of War et qui avait bien sûr travaillé avec les Beatles. On avait le temps d’essayer des choses… On a fait pas mal d’erreurs sur cet album, mais aussi pas mal de bonnes choses. À présent, on maîtrise plus, en quelque sorte. Nous avons été capables d’enregistrer Look Now en la moitié du temps qu’il nous a fallu pour Imperial Bedroom, lequel avait nécessité douze semaines de studio ! D’ailleurs, de nos jours, plus personne n’a assez d’argent pour faire des disques comme à l’époque d’ Imperial Bedroom

C’est en 2017, lors de la tournée anniversaire d’Imperial Bedroom avec The Imposters, que vous avez décidé d’enregistrer cet album avec eux…

Cela faisait longtemps que je songeais enregistrer un disque de genre : une combinaison entre une section rythmique puissante, de l’espace pour des orchestrations et pour la voix, un disque qui ne soit pas surchargé par des guitares électriques. J’ai pensé à cet album pendant vingt ans. J’aurais pu le faire immédiatement après Painted from Memory, lorsque nous nous sommes rencontrés la dernière fois, vous et moi. Mais d’autres choses sont arrivées entre-temps. (Rire.) Beaucoup de choses ! J’ai eu des opportunités individuelles. Et puis… Chaque chanson est un puzzle : vous pouvez la dactylographier d’une façon, ou d’une tout autre façon. J’ai entraîné les miennes du côté du Mississippi, de La Nouvelle-Orléans  : autant de choses dont je suis heureux…

La musique est un perpétuel un voyage, n’est-ce pas?

Oui, ça l’est ! Et l’on devrait toujours être reconnaissant de cela. Chaque escale de ce voyage est ancrée en moi. J’ai eu l’opportunité de travailler avec Questlove et The Roots, et ça a été merveilleux. En ce qui concerne The Imposters, je pensais vraiment que la palette globale de ce groupe n’avait jamais été mise complètement en valeur en studio, et que si nous avions eu, certes, la chance de jouer en un seul concert tous les styles de musique que j’ai composé au il du temps, nos disques tendaient à suggérer qu’ils n’étaient seulement qu’un groupe de rock’n’roll. Je me suis dit : "Steve Nieve est un homme qui a écrit un opéra ! Écoutons toute la beauté de son jeu au piano ! Écoutons la voix de Davey Faragher, pas juste ses excellentes parties de basse !" Et Pete(Thomas) ne cesse de se boniier à la batterie… il est si impliqué dans les chansons. La plupart des batteurs ne s’intéressent qu’à l’aspect rythmique d’un morceau. Lui est très sensible aux paroles. Nous avons beaucoup parlé ensemble des chansons. Il y en avait beaucoup, et j’en étais encore à décider lesquelles rentreraient dans l’histoire que je voulais raconter… Pete m’a aidé à y voir plus clair pour certaines d’entre elles.

En parlant d’histoire, vous faites partie de ces songwriters très influencés par la littérature, comme Patti Smith ou Lou Reed. On se souvient notamment que Lou Reed eut pour mentor l’un de ses professeurs, l’écrivain Delmore Schwartz, qui l’a profondément marqué. Y a-t-il eu un Mr. Schwartz dans le parcours d’Elvis Costello?

Non. Sincèrement, non. Il y a eu des gens qui m’ont donné des opportunités de jouer mes chansons, mais ils ne m’ont pas parlé de leur contenu. Ils m’ont juste fourni ces scènes très, très modestes, qui m’ont permis de faire mes premières erreurs. Quand vous débutez, vous n’avez aucune idée de la façon dont vous sonnez, ni de celle dont vous devriez sonner. Et, de toute évidence, personne ne va vous encourager… et encore moins vous payer ! Alors, d’une certaine manière, vous êtes juste reconnaissant envers quiconque vous permet de jouer. Et seulement après, vous commencez à penser "Ce serait bien de faire ça"

L’une des caractéristiques de votre songwriting est de vous glisser dans la peau d’un personnage, y compris féminin et d’esquisser des dialogues entre les protagonistes, de développer plusieurs angles de vue. C’est le cas dans "Under Lime" où vous "ressuscitez" le personnage de "Jimmie Standing in the Rain", qui apparaissait sur National Ransom…

Oui. Il essaye de faire un come-back, vingt ans après. J’ai toujours aimé l’idée des suites dans les films, comme en littérature… Lorsque vous écrivez des chansons, vous savez souvent ce qui s’est passé avant son début. Ce qui est aussi parfois la façon dont les scénaristes de i lm trouvent la réalité émotionnelle d’un personnage. Jimmie, on l’avait quitté dans une station de trains abandonnée. C’est un cow-boy qui voyage et chante à travers le nord de l’Angleterre. Il n’est pas spécialement en bonne santé, il n’a pas beaucoup d’argent. Ce n’est pas vraiment une célébrité. Plutôt un vestige d’un autre temps. Et voilà qu’on l’invite dans ce genre de show télé comme il y en avait dans les années 50, où des gens, sur le plateau, doivent essayer de deviner son identité. Plutôt humiliant. On le suit dans les coulisses, avant le début du show. Il y a beaucoup de monde, des showgirls avec très peu de vêtements sur elles, ce qu’il apprécie visiblement. Et aussi cette jeune femme chargée de veiller sur lui, de surveiller qu’il ne picole pas, etc. Elle a été prévenue de ce qu’il était, mais elle éprouve une sympathie pour lui, même s’il est pathétique… et sans songer qu’il pourrait tirer avantage de ça – "The Spider and the Fly", l’araignée et la mouche, vous voyez ? Je trouve intéressant de se glisser dans les pensées de ces personnages. Ce genre de personne existe toujours, bien que j’aie situé la chanson dans les années 50.Jimmie me fait penser à certains types que j’ai rencontrés à Liverpool à mes débuts, ou dans les dancings et les théâtres où se produisait mon père, qui jouait dans un orchestre. Il y a au moins trois points de vue dans la chanson : la façon dont on voit Jimmie, la façon dont la i lle le voit, le regard des gens autour d’eux… Sans compter celui de la personne qui écoute la chanson.

Et vos chansons ressemblent souvent à des scènes de films, ou à un moment suspendu dans le temps, comme dans les toiles d’Edward Hopper.

Je pense qu’on peut tout mettre dans les chansons : les livres que vous avez lus, les i lms que vous avez vus, les shows télé ou les manchettes des journaux. Tout est matière à faire une chanson.

Il y a vingt ans, vous nous confiiez que vous composiez chaque chanson comme si ce devait être la dernière…

C’est vrai. On doit accorder à chaque chanson le plus d’importance possible. Pour moi, il n’y a aucune chanson qui soit vouée à être une face B. Les chansons sont faites de vie et de cœur et il n’y en pas une que vous puissiez traiter avec moins de respect qu’une autre…

Avez-vous été surpris par le succès de votre autobiographie, Unfaithful Music and Disappearing Ink ?

Well… C’est gentil de dire que ça a été un succès, car je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il en est, ni même si elle a été lue. Je sais qu’elle a été traduite dans de nombreuses langues, ce qui est un beau compliment. Et ce n’était pas simple parce que je l’ai écrite en anglais idiomatique, pas dans une version internationale de l’anglais, et que j’ai utilisé de nombreux termes dii ciles à traduire. J’ai été l atté par l’importance de la couverture médiatique du livre. Et même, je dois le dire, en France, où je ne vends pas tant de disques que ça et où je n’arrive quasiment plus à me produire en concert. J’ai été en tout cas surpris que les gens puissent s’intéresser à mon histoire.

Quelques mots sur vos retrouvailles avec Burt Bacharach ? Étaient-elles aussi magiques que lorsque vous avez commencé à collaborer… en échangeant des fax, ainsi que vous le racontez dans vos mémoires ?

(Sourire.) Magique… ça l’est complètement. En fait, nous travaillons ensemble depuis dix ou douze ans, à écrire, parce qu’on nous avait demandé de faire une comédie musicale basée sur Painted from Memory. Et bien sûr, lorsque vous essayez de dérouler un il narratif à travers des chansons qui existent déjà, ce n’est pas facile, sauf si vous racontez l’histoire de leur songwriter, comme c’est le cas de Beautiful: The Carole King Musical (comédie musicale sur la vie de Carole King, grand succès à Broadway, ndlr). Burt et moi avons donc écrit dix ou douze chansons de plus, dont certaines igurent sur ce disque. Une autre a été enregistrée par ma femme, Diana Krall, dans une version instrumentale. Il y a deux ans, j’ai dit à Burt que cette comédie musicale ne verrait peut-être jamais le jour, parce que ce que nous faisions allait à l’encontre des conventions du genre  : ce sont des chansons mélancoliques et introspectives. Alors je lui ai dit que je devrais peut-être en enregistrer quelquesunes. Parce que je ne peux pas me faire à l’idée que ces chansons restent dans un tiroir. Que personne ne sache qu’elles existent, c’est juste dingue.

Burt Bacharach joue également du piano sur certaines de ces chansons, notamment sur la sublime ballade "Don’t Look Now"…

Oui, c’est encore une histoire à deux voix, entre un homme et une femme plus jeune, peut-être un modèle artistique qui attend qu’on fasse son portrait… C’est ainsi que je l’imagine, mais je ne veux pas porter parasiter l’esprit de ceux qui y verraient autre chose. Cette chanson est tellement concise musicalement, la musique de Burt est si belle… et bien sûr je ne saurai dire combien ça a été merveilleux de l’avoir avec nous en studio, d’adapter notre façon de jouer à son toucher de piano – y compris ma partie vocale. C’est l’un des deux titres, avec "Photographs Can Lie", sur lequel il joue aussi, que j’ai chanté live, là où je préférais avoir toute l’orchestration en place, "the full picture", pour les autres…

"Photographs Can Lie" peut faire penser à une scène que vous décrivez dans Unfaithful Music : celle où vous découvrez, après sa mort, de vieilles photos de votre père – qui avait divorcé de votre mère – alors qu’il était en tournée avec son orchestre, parfois entouré de jolies femmes…

Oui. Même si, pour moi, c’est plutôt une ille qui chante. Une ille qui découvre que son père est inidèle à sa mère. C’était son héros, son roi, et, à présent, il tombe de son piédestal. Elle fait le deuil de l’idéalisation de son père tout en découvrant, bien sûr, qu’il est un être humain qui commet de terribles erreurs. Je veux dire, je savais tout cela de mon propre père… mais je le sais aussi de moi-même, malheureusement. C’est de cela dont il est question : alors que les photographies peuvent sembler être le relet d’une famille parfaite, il est des moments où, parfois, la réalité vient contredire tout cela…

En tant que français, on ne peut qu’être interpellé par le titre en français de la chanson "Adieu Paris (L’Envie des étoiles)", qui figure en bonus track sur Look Now…

C’était quelque chose de très poignant pour moi… à cause de Johnny Hallyday. Un directeur artistique (de son label, ndlr) m’avait demandé de composer une chanson pour lui. J’ai rencontré Johnny il y a trente ans, peut-être trentecinq, à l’occasion d’une émission de radio avec Michel Sardou. Johnny m’avait accueilli en invité. C’était une personne remarquable. Quelle que soit l’opinion que vous pouvez avoir sur ce qu’il faisait, il a eu une carrière impressionnante. J’ai donc essayé d’écrire cette chanson pour lui en mélangeant des paroles en français et en anglais… Même si je ne parle pas français, je peux le comprendre, comme beaucoup d’écoliers en Angleterre… alors j’ai essayé de faire passer une émotion française. (Costello fait jouer la chanson sur son téléphone portable.) "Adieu Paris… Mon ancien amour… Regardez la lumière… L’envie des étoiles…"

C’e st trè s be au, trè s “nouvelle vague”… (Rire général.)

Oui… Cela parle de quelqu’un qui regarde en arrière. Malheureusement, Johnny n’a pas eu la force de retourner en studio. Ses musiciens étaient en train de préparer la chanson pour lui et il était déterminé à l’enregistrer, jusqu’à ce que… (Silence.) Vous savez, c’est là quelque chose de très inspirant. J’ai essayé de garder ça à l’esprit en l’enregistrant dans les deux langues… et je trouve le résultat plutôt bon, tout spécialement lorsque vous ne parlez que l’une des deux ! (Rire.)

On sent chez vous une perpétuelle soif d’apprendre et de transmettre. Tout cela vous vient, bien sûr, de votre père et de votre grand-père, qui étaient musiciens. Souhaitez-vous faire la même chose avec vos propres enfants?

De mon grand-père et de mon père, mais aussi de ma mère. En ce qui concerne mes enfants, ils auront leurs idées à eux. Je veux dire, j’ai fait mes propres choix dans mon enfance et plus tard. À peu près à l’époque d’Imperial Bedroom, je suis d’ailleurs revenu vers des disques qui m’avaient marqué quand j’étais tout petit, comme ceux des Beatles, dont mon père me rapportait les acétates promo parce qu’il me savait fan. Ils étaient là, sur une étagère, et, évidemment, lorsque je les ai réécoutés, ils sonnaient diféremment… Mes garçons, qui ont 11 ans, ont déjà commencé à faire leurs choix et je ne peux pas leur dire ce qu’ils doivent aimer. Ils ont une maison entière remplie de musique, d’instruments… J’ai aussi de grandes conversations avec mon ils aîné (Matthew MacManus, né en 1976, et également musicien, ndlr). Nous parlons tout le temps de musique. Il a découvert plus de choses que je n’en connais moi-même et a une mémoire incroyable pour les ilms et toutes sortes de détails. Nos esprits sont très connectés à la musique et c’est quelque chose qui coule de toute évidence dans notre famille depuis longtemps, que l’on en fasse ou que l’on n’en fasse pas… Je ne peux pas parler pour quelqu’un d’autre, mais, pour moi, la seule solution, c’est d’apprendre de nouvelles choses tout en gardant intactes sa passion et sa coniance en soi. J’ai commencé par ce qu’on appelle le rock’n’roll et ce qui m’excitait alors dans cette musique, c’est qu’elle était totalement imprévisible. C’était comme un énorme “ragoût” ! (Rire.) Utiliser les bonnes épices… c’est comme ça que ça s’est passé pour la musique avec laquelle j’ai grandi. Pas seulement les Beatles ou Burt Bacharach, mais aussi le jazz ou la musique classique…

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Rolling Stone France, No. 109, November 2018


Alain Gouvrion interviews Elvis Costello.

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