Sud Ouest, November 3, 2018

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"J’aime le frisson du risque et de l’aventure" : les confidences d’Elvis Costello


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  Stéphane Jonathan

Le génial musicien anglais renoue avec son groupe électrique et signe son 31e album studio : "Look Now", dans la lignée de la pop intelligente et sensible d’"Imperial Bedroom". Interview.

On le disait insaisissable et on avait raison : voila plus de quarante ans qu’Elvis Costello fonce, tête baissée, ne suivant que son inspiration. Issu du pub-rock, au mitan des années 1970, puis associé (à tort) au mouvement punk, cet auteur-compositeur a très vite commencé à zigzaguer entre country, folk, pop, opéra, soul, chanson sucrée pour crooners, rock… Après tout, aux vaillants explorateurs, nul territoire n’est interdit.

Reconnu parmi les plus grands songwriters de sa génération, Costello a enregistré avec Johnny Cash, Paul McCartney, Burt Bacharach, Marc Ribot ou Anne Sofie von Otter. À 64 ans, Declan MacManus (pour l’état civil) revient aux sources de son art : une pop alambiquée aux textes bavards, divinement orchestrée.

Avec " Look Now ", il renoue avec son groupe de toujours (The Imposters, soit ses anciens Attractions) et signe un de ses plus beaux albums en vingt ans. Interview.

Bien que très prolifique, vous n’aviez plus enregistré d’album avec The Imposters depuis dix ans…

Elvis Costello. En fait, j’envisageais de ne plus jamais faire d’album tout court ! Mais j’ai reçu de nombreuses sollicitations, dont certaines étaient si excitantes que j’ai eu plaisir à les honorer. C’est ainsi que j’ai fait des disques avec T-Bone Burnett, The Roots ou The New Basement Tapes, à partir de poèmes manuscrits inédits de Bob Dylan que j’ai mis en musique.

Je ne suis pas allé à la fac, je n’ai pas reçu d’éducation traditionnelle. C’est la musique qui m’a appris à formaliser mes idées, et à m’intéresser à celles des autres pour les associer aux miennes. C’est important de savoir repérer les bonnes opportunités d’enrichir son langage musical. C’est une école, on y apprend toujours beaucoup.

Comment avez-vous abordé cet album, le 31e de votre carrière ?

Parfois, on entre en studio comme si l’on partait à la chasse aux chansons : sans intention préalable et mus par le mystère et l’expérimentation. Pas cette fois-ci : nous étions très préparés et avions préalablement écrit les orchestrations et arrangements. Chacun savait ce dont parlaient les chansons, et quelle serait la place de son instrument.

Cela nous a permis de nous concentrer sur nos intentions d’interprètes. Pour qu’au final, on ressente l’excitation et l’énergie de la scène. C’était un moment très joyeux.

Vos chansons, bâties comme des nouvelles, parlent toutes de la relation à l’autre… N’est-ce pas le thème central de votre répertoire ?

Mais c’est le cœur de toute forme d’écriture, non ? Chanson, poésie, peinture, film… L’art ne parle presque jamais d’autre chose que de notre place dans le monde.

Ce thème est universel et taraude chacun de nous. C’est pourquoi il est abordé par les grands poètes comme par les créateurs de jingles ! Certes, la façon dont les mots sont choisis et ordonnés produit des résultats très divers, dans un spectre qui va de William Shakespeare à… la campagne publicitaire de votre shampooing préféré (rires).

Je ne suis pas un intellectuel, je ne cherche pas à élaborer de grands concepts. Les paroles que j’écris parlent de sentiments, d’humeurs. Et je suis bien mal placé pour juger de leur utilité. Elles n’ont rien de comparable avec un travail littéraire : ce ne sont que des mots dans une chanson.

"Under Lime" met en scène un vieux chanteur sur le retour...

Ce personnage était déjà présent dans la chanson " Jimmie Standing in The Rain ", sur l’album " National Ransom ". Je l’avais abandonné dans les années 1940, au bout d’une voie de chemin de fer, sans un sou en poche ni perspective d’avenir.

" Under Lime " le voit revenir, vingt ans plus tard. Fatigué, il tente, un peu pathétique, le come-back de la dernière chance. Une jeune employée de la BBC pose un regard romantique sur ce monsieur au charme suranné… qui s’avère être peu recommandable, car pétri de mauvaises intentions. La chanson explore la façon dont ces deux-là se jaugent mutuellement du coin de l’œil, et cherchent à voir le regard de l’autre. L’album ne s’appelle pas " Look Now " par hasard.

Avez-vous jamais envisagé d’écrire une comédie musicale ou un opéra ?

En fait, j’ai travaillé sur plusieurs projets de spectacles pour Broadway. Notamment une comédie musicale basée sur les chansons de " Painted from Memory ", mon album à quatre mains avec Burt Bacharach. Pour relier ces chansons entre elles et bâtir une histoire, j’en ai écris quelques nouvelles – dont " Stripping Paper " et " Photographs Can Lie ", que j’ai incluses dans " Look Now ")… Le projet a été arrêté il y a quelques temps. Peut-être va-t-il reprendre maintenant que des chansons supplémentaires viennent compléter le disque initial. J’adorerais que ce projet aboutisse un jour.

Par ailleurs, je me suis beaucoup investi ces deux dernières années sur "A Face in the Crowd". Il s’agit d’une comédie musicale basée sur une nouvelle de Bud Schulberg qu’Elia Kazan avait adaptée au cinéma (" Un homme dans la foule ", avec Walter Matthau, en 1957, NDLR). J’ai participé à trois ateliers de travail, écrit une trentaine de chansons… La production du spectacle est en cours.

L’expérience m’a appris combien il faut être patient et avancer sans certitude que le spectacle existe un jour, tant la production repose sur mille choses et des montages financiers très complexes. Monter une comédie musicale est toujours très lourd et compliqué. Il faut avancer et surtout ne pas se décourager au bout de deux ans. Certains ont bossé dur pendant dix ans pour " Hamilton ", qui a finalement été un succès énorme à Broadway. Alors…

Parmi les titres de l’édition Deluxe, figure une chanson " Adieu Paris ", où vous chantez en français…

Et on devine, à ma prononciation, que je ne parle pas du tout français, non ? (rires). Cette chanson était à l’origine une commande que j’avais reçue pour Johnny Hallyday. La première version était tout en français. Puis j’ai pensé que Johnny, ayant une telle proximité avec la culture américaine, aimerait sans doute que la chanson soit bilingue. Et moi je trouvais original et intéressant de faire rimer des vers en anglais et en français. Comme il n’a pas pu l’enregistrer avant de disparaître, j’ai décidé de l’enregistrer moi-même, tout en sachant que mon accent risquait d’en horrifier certains.

C’est une chanson romantique, un peu mélancolique. Un jour, on se rend compte qu’un endroit – ou une relation – a changé et perdu ce quelque chose qu’on aimait tant, dont on chérissait le souvenir. À cause d’une catastrophe dévastatrice ou d’une rupture sentimentale désastreuse.

Vous verra-t-on en concert en France prochainement ?

Je l’espère. Je ne trahis pas de secret en disant que ma cote n’est pas délirante chez vous : les Français connaissent mon nom, mais je n’y ai jamais rempli de très grandes salles. En conséquence, les producteurs locaux sont plutôt frileux et je n’ai pas joué en France depuis bien longtemps.

Mais les retours sur ce nouvel album sont si enthousiastes que l’on peut espérer être invités pour plus que l’unique date parisienne habituelle. Soyons optimistes. Ce serait formidable. Et je promets de ne pas chanter en français ! (rires).


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Sud Ouest, November 3, 2018


Stéphane Jonathan interviews Elvis about the recording and the release of Look Now.

Images

Photo
Photo credit: Mary McCartney


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