Télérama, August 6, 2020

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Imperial Bedroom”, la suite royale d’Elvis Costello


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   François Gorin

1982. Septième album en cinq ans pour un forcené à lunettes qui enjambait la new wave british en concassant sa culture pop dans des chansons à haut voltage. Celui-ci est un grand pas vers le classicisme et reste l’un de ses chefs-d’œuvre. Et la tension est toujours là.

Entre la pop survoltée de This Year’s Model (1978) et les ballades déprimées de King of America (1986), cet Elvis a été notre homme. Nous étions quelques-uns à guetter la moindre poussée de boutons du redoublant de la classe punk, pirate new wave, imposteur auto-proclamé. Ce supposé cerveau était en fait un estomac sur pattes et quand ses propres disques ne suffisaient pas à digérer tout ce qu’il avait bouffé, il y avait encore ses interviews. Boulimique et incontinent, tour à tour modeste et pédant, Costello en sept ans a mitraillé les bacs à disques avec la jubilation mauvaise du type qui a rongé son frein dans une salle d’attente où l’on toisait son look ringard.

Premier album à 23 ans, c’était vieux pour l’époque. Un bail plus tard il en a ajouté cinq autres, plus un paquet de faces B. Dans les derniers épisodes, il débitait le bréviaire soul en accéléré (Get Happy!!), esquissait une pop déviante (Trust), récitait son chapelet country (Almost Blue). Le voici prêt pour son grand album classique.

Ce que ne sera pas Imperial Bedroom. N’importe. On ne voulait pas tant un grand album classique, juste une rondelle à épuiser jusqu’à la trame. Avec une entrée en matière à couper le souffle — Beyond Belief, où la voix se balade en funambule, mue au milieu, se diffracte — et un envoi à vous tirer les larmes — Town Cryer, complainte nocturne escortée du caniveau aux étoiles par cor et violons. Entre les deux, un kaléidoscope moins concerté que Sgt Pepper, moins débridé que Blonde on Blonde. Mais assez riche, un peu chargé même.

Avec Geoff Emerick (galonné par la légende Beatles) en Monsieur Plus et Steve Nieve galopant sur toute la largeur de ses claviers… Imperial Bedroom est too much pour être un classique. Il y a des trucs qui dépassent, grattent ou postillonnent. Des chansons de trop (Little Savage). Des arrangements nouveau riche. Des clins d’œil aux fans de Procol Harum.

On prenait tout. Les temps forts qui structurent l’ensemble : en plus des deux déjà cités, The Long Honeymoon ("no moneyback guarantee on future happiness"), Man Out of Time (grandiose), The Loved Ones repompant le riff de London Calling (ou celui du Dead End Street des Kinks ?). Les temps faibles sont mieux qu’aimables (Shabby Doll, Pidgin English, You Little Fool). Puis Costello, qui ose le canotier sur le portrait signé David Bailey au verso, fait ses premiers pas de crooner avec Boy With a Problem et surtout Almost Blue, futur standard pour Chet Baker.

Ballade qui n’était pas sur l’album du même nom. De même que fera surface peu après une chose nommée Imperial Bedroom, petite polka du roi. Notre homme continuait donc de s’amuser comme un enfant pervers. Même quand il s’appliquait à bien écrire et bien interpréter, selon les canons des anciens, son infernale tension reprenait le dessus, les mots bavaient sur des notes précipitées. Mais c’est ainsi qu’on l’aimait. Avec sa voix ingrate et son cœur "in the right place".


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Télérama, August 6, 2020


François Gorin reviews Imperial Bedroom.

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2020-08-06 Télérama photo 01 mp.jpg

Photo credit: Michael Putland/Getty Images

Imperial Bedroom album cover.jpg

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