Les Inrockuptibles, September 20, 2002

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Costello et la féerie du Grand Rex


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   Pascal Bertin

Elvis n’était pas passé par Paris depuis 1996. Il nous en aurait furieusement voulu si nous n’étions pas venus écouter les versions live de son petit dernier, When I Was Cruel, le 19 septembre au Grand Rex de Paris.

La première fois que j'avais emmené Arthur au Grand Rex, le Walt Disney du moment était précédé du spectacle La Féerie des Eaux. Arthur avait eu mal au oreilles et avait pleuré. Avec Steve Nieve en première partie de Costello, je n'ai pas pleuré mais j'ai eu mal aux oreilles. Pourtant j'aime bien le bonhomme que j'avais trouvé rudement sympathique il y a des années aux Bouffes du Nord avec' Alain Chamfort. Là, non. Mais Costello et Christophe Conte l'aiment bien et les amis de nos amis seront toujours nos amis.

Puis vient l'heure de Costello. A l'image du taux moyen de capillarité des mâles présents, le public est plus clairsemé qu'à la grande époque des concerts de Costello, quand le bonhomme arborait encore une coiffure digne de son homonyme de prénom. Côté moyenne d'âge, on double fastoche le pic enregistré lors d'une Cake & Milk à la mi-août au Batofar. Le bronzage en moins.

Mais bon, un concert de Costello, ça fait partie de ces petites choses de la vie qu'on ne peut pas se permettre de louper. Il y aurait comme un vide. Et comme on en était à parler des anciens, on ne pouvait bien évidemment imaginer ne pas tomber sur Michka Assayas et François Gorin qui m'avaient éclairé sur le sujet il y a bien des années par leurs écrits enflammés. D'ailleurs c'est sur eux deux en train de discuter pas loin du bar que je tombe directement. Certaines choses ne changeront jamais et ça a quelque chose de rassurant.

Michka arbore la même veste que sur les photos qu'on voit de lui dans Elle, le Figaro Mag et Paris Match en ce moment. Quand je lui annonce que je viens d'acheter son livre, il s'étonne et me demande dans quel magasin j'ai bien pu le trouver. Devant le nom de la grande enseigne parisienne, il pose cette question étrange : "Ah oui, et il est facile à trouver dans ce magasin ????". S'il voyait les piles' Michka vient de nous rendre sa visite annuelle sur la planète terre qu'il quittera illico sitôt le concert terminé.

Une vision me glace les sangs : ce pré-concert de Costello vire au rassemblement d'anciens combattants genre commémoration du 8 mai 45. Et si dans quelques années, nous ressemblions aux derniers survivants qui tiennent le drapeau français sous l'Arc de Triomphe le 11 novembre ?

L'heure de Costello approche et je me laisse volontiers happer par un fauteuil du Grand Rex après une journée harassante passée à combattre les machines des Inrocks.

21h30. Le concert démarre en trombe. Declan aligne une formation minimale : basse, batterie et clavier plus lui même à la guitare (aux guitares, une vraie boutique Paul Beuscher à lui tout seul) et bien sûr au chant. Dès les premiers accords furieux, un type au look Luc Ferry placé devant moi se lève et se met à se déhancher. Je me refuse à changer de place.

Ces quelques minutes sans images me permettent de percevoir le paradoxe de cette entame de concert. En dépit de l'équipe réduite, un son de bouillie sonore domine ces titres énergétiques. Rien ne sort du son compact un peu trop dominé par des claviers pas toujours d'une très grande modernité. Elvis joue comme s'il était pressé d'en finir, le rythme semble artificiellement accéléré et même le classique Watching The Detectives y perd son reggae chaloupé.

Si "(I Don't Want To Go To) Chelsea" ou "Waiting For The End Of The World" ne ressortent pas grandis de ce traitement TGV (on repêchera toutefois "Man Out Of Time" qu'on est toujours heureux de retrouver), les titres du petit dernier, When I Was Cruel s'en tirent en revanche nettement mieux. Face aux Imposters, les Attractions nous manquent un peu ce soir-là. Luc Ferry dégage le paysage et commence alors mon moment préféré d'un concert de Costello.

Les lumières se font plus sobres, les musiciens passent légèrement dans la pénombre, Costello prend une guitare acoustique et se lance dans une série de titres lacrymaux : Tart, à tomber. Avec le sommet "When I Was Cruel No. 2," Costello fait le pitre avec une petite console d'effets électroniques. En dépit de ses facéties, Elvis en une version d'une grande beauté sur laquelle il invente rien moins que le pub-trip-hop. On ne sera pas venus pour rien.

Suit un faux rappel qui fera plutôt office d'interlude. Elvis revient pour une large poignée de titres qui tiendra le public en haleine de bière jusqu'à minuit moins le quart. On aura le refrain de "I Hope You're Happy Now" inscrit dans la tête en marchant le long des Grands Boulevards. Car oui, ce soir-là, Luc Ferry avait l'air heureux.

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Les Inrockuptibles, No. 357, September 20, 2002


Pascal Bertin reviews Elvis Costello & The Imposters, Thursday, September 19, 2002, Grand Rex, Paris, France.


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